Jardiner nos villes pour le climat et la biodiversité : l’indice de canopée

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3 min de lecture  |  Publié le 16/04/2023 sur | Mis à jour le 16/05/23

Pour comprendre et agir afin d’adapter notre environnement urbain aux scénarios d’évolution climatique à l’horizon 2050 et 2070, de nombreuses villes s’intéressent à une notion dont vous avez peut-être entendu le nom : l’indice de canopée.

Cibler les secteurs les plus exposés aux îlots de chaleur urbains

L’idée de cet indicateur urbain trouve son origine dans un constat simple : les plantes en général et les arbres en particulier ont un pouvoir de régulation climatique naturelle. Leur houppiers protègent les espaces urbains du rayonnement solaire et leur feuillage rafraîchit l’air par l’évapotranspiration liée à la photosynthèse. C’est ce qui confère aux arbres la capacité, dans certaines conditions, de refroidir l’air ambiant de 2° à 8°C.

L’indice de canopée, en évaluant le rapport entre la superficie projetée occupée par la couverture végétale d’une hauteur supérieure à 3m et la superficie totale de la ville, cherche ainsi à identifier les espaces urbains capables de bénéficier du pouvoir protecteur des arbres contre le phénomène d’îlots de chaleur urbains (ICU) en périodes estivales, mais aussi à cibler les secteurs les plus exposés, qui gagneraient à faire l’objet de campagne de plantations.

La construction de cet indice se fonde aujourd’hui principalement sur l’exploitation de données et de modèles encore imparfaits (interprétation d’images satellites, modèle numérique de canopée construite à partir de nuage de points LIDAR, …) mais qui sont amenés à évoluer dans les années à venir. Les travaux récents de l’APUR avec la Ville de Paris, de la Ville de Metz ou de la Ville et Eurométropole de Strasbourg, qui a monitoré l’impact des périodes de stress hydrique de 2021 et 2022 sur près de 80 000 arbres urbains, ouvrent la voie.

Tirer le meilleur parti du pouvoir de climatisation naturelle des végétaux

A l’échelle du jardinier urbain, l’indice de canopée vient donner corps à l’une des facettes de l’approche écosystémique que nous devons apprendre à développer pour déployer le végétal dans nos villes : il peut guider nos choix lorsqu’il s’agit de sélectionner des essences végétales à planter, ou définir les méthodes culturales qui permettront d’assurer la croissance et la conservation de patrimoine existant.

De tout temps, les jardiniers urbains ont su faire preuve d’inventivité et de génie pour tirer le meilleur parti du pouvoir de climatisation naturelle des végétaux.

Parmi les modèles et le patrimoine issus de leur savoir-faire, nombre d’exemples inspirants peuvent faire écho à nos préoccupations contemporaines et nous guider vers des conceptions et des adaptations désirables de nos cadres de vies : les canopées de vigne des ruelles de Jerez de la Frontera en Espagne, les spectaculaires tonnelles de platanes soudés de Labouheyre ou de Séguret, les glycines des rues de Lesbos…

À nous, professionnels, collectivités et habitants, de contribuer tous ensemble, et avec l’intelligence du jardinier… à la fabrication des villes douces et fraîches du XXIe siècle !

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