La meilleure mobilité, c’est celle qu’on n’est pas obligé de subir

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3 min de lecture  |  Publié le 15/05/2023 sur | Mis à jour le 15/05/23

Pour être durable, la mobilité doit sortir du modèle « tout-voiture »

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Louis Delage | carbone4.com

Pour réduire l’impact de la voiture, augmenter la part des mobilités douces et marcher plus, il faudra raccourcir les distances, donc intensifier les villes, notamment leurs premières couronnes desservies par les transports en commun, tout en stoppant l’étalement urbain.

Etonnamment, c’est une voie :

  • qui n’est que très peu développée par les spécialistes des mobilités… ce que l’on peut comprendre, l’urbanisme ne relevant pas, malheureusement, de la même formation et de la même discipline que les transports ;
  • qui est aujourd’hui de plus en plus remise en cause par certains urbanistes, aménageurs et élus (parfois sous la pression des riverains réfractaires aux constructions nouvelles) … qui espèrent entre autre que la voiture_électrique sera la solution qui réduira les impacts de la surmobilité subie et engendrée par le tissu périurbain trop peu dense bâti ces dernières décennies, sur le paradigme du pétrole abordable …

Cet article du The Shift Project a le mérite de faire le point sur les insuffisances de la solution “voiture électrique” : meilleure du point de vue du climat, elle continue de poser des problèmes en matière de santé, d’occupation du sol et … de congestion.

Mais lui également fait l’impasse sur cette solution qui consiste à réduire la demande et les trajets subis non nécessaires (Jean-Marc Jancovici avez-vous une idée des raisons de cette impasse ?) :

“il existe des situations où ce type de report modal n’est pas possible (absence de transport en commun, charge lourde, etc.), et il est nécessaire de réfléchir à d’autres leviers possibles pour rendre nos déplacements motorisés individuels plus durables. Bien que la tendance soit à contre-sens aujourd’hui, les leviers les plus efficaces sont connus et à portée de main : la vitesse, l’aérodynamisme et le poids.”

Rapprocher les lieux de vie des emplois, des services, des commerces… c’est-à-dire densifier… ne fait apparemment pas partie des leviers.

Décriée par certains, comme Philippe Bihouix, cette solution est pourtant :

  • la moins “techno-solutionniste”, la plus “low tech”…
  • la plus facile à activer : densifier aujourd’hui dans les premières couronnes des agglomérations, accessibles en transport en commun et concentrant les emplois, est très fortement limité par des règles locales d’urbanisme anti-densification ; la loi ALUR de 2014 a supprimé le coefficient d’emprise au sol et la règle de la taille minimale des terrains, elle pourrait être actualisée pour prendre en compte les techniques qui ont été imaginées localement pour contourner l’esprit de la loi ;
  • celle qui peut avoir des effets rapides à court terme, non seulement en matière de réduction de l’impact des mobilités (climat, santé, occupation du sol), mais aussi en matière de justice sociale dans l’accès aux logements bien situés, c’est-à-dire ceux qui imposent le moins de mobilités subies.