High tech, low tech, no tech ? Pourquoi les « tech » – et les mathématiques – ne sont pas le problème…

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2 min de lecture  |  Publié le 20/02/2023 sur | Mis à jour le 22/05/23

Mathématiques, technologie, Delano Durand : itinéraire d’une involution

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Olivier REY | lajauneetlarouge.com

Les arts et métiers, irréductibles à une application pratique de savoirs théoriques ?

Je suis plutôt en désaccord avec l’idée que la technologie serait une forme d’application pratique des mathématiques pures et abstraites (même si cela arrive que cela soit le cas).

La « technologie » médiévale, ce sont les cathédrales et les cités qui nous en donnent aujourd’hui le meilleur aperçu : leurs bâtisseurs n’étaient sans doute pas les moins « platoniciens » de l’époque.

Les frères Wright ont inventé l’avion qui vole… en faisant évoluer les technologies du vélo !

Bien souvent, les calculs viennent à posteriori de l’invention et de l’expérimentation.

Le développement expérimental, le bricolage, la recherche et développement, fonctionnent selon un modèle qui n’oppose pas l’intelligible au sensible.

Le point commun à toutes ces approches, c’est de s’appuyer sur un travail de création, de conception et de modélisation qui ne sépare pas, artificiellement, la théorie de la pratique, le quantitatif du qualitatif, la simulation de l’expérimentation.

Les arts et métiers, la technologie, les activités d’invention de production ne sont pas, en premier, des applications des mathématiques ou d’autres savoirs « fondamentaux ».

La dualité entre les sciences fondamentales et les sciences appliquées est artificielle

Je suis intimement convaincu que notre relative incapacité actuelle à nous saisir de sujets vitaux, vivants, systémiques et complexes, comme l’est celui de l’évolution des villes, tient en grande partie dans cette croyance en la prééminence des savoirs dits fondamentaux, qui irrigue encore l’ensemble du système éducatif français.

En urbanisme, développer des approches pluridisciplinaires ne sera pas suffisant tant que chaque discipline reposera sur cette dualité artificielle qui empêche chacun de ses membres de développer pleinement ses facultés d’imagination, de (co-)conception, d’invention, d’expérimentation.

Nous avons donc du pain sur la planche, et dans nos tables de calcul, pour réinventer les disciplines, les métiers et les technologies dont nous aurons besoin pour bâtir les villes vivantes de demain.