Faire en sorte qu’une ville grandisse en se densifiant plutôt qu’en s’étalant… qu’elle accueille un nombre croissant d’habitants au sein d’une aire urbaine, sans s’étaler, est-ce si simple ?
Partant du constat :
→ que les villes modernes deviennent moins denses en s’accroissant (« Modern cities become less dense as they grow« … titrait The Economist en 2019)
→ et donc que « le facteur d’agrandissement est bien aujourd’hui l’étalement, plutôt que la hauteur du bâti… «
Shlomo (Solly) Angel et ses équipes ont entrepris, pour UN-Habitat (United Nations Human Settlements Programme), de décomposer (ou de factoriser) la notion de densité urbaine afin d’aider les urbanistes et pouvoirs publics à concevoir un éventail plus large, et peut-être plus spécifique, de stratégies de densification et d’intensification urbaine.
La factorisation de la densité urbaine ouvre 7 pistes distinctes les unes des autres, combinables entre elles, selon les situations et les objectifs des politiques publiques locales :
- Augmenter le taux d’occupation des logements habités : en France, une maison sur 4 est habitée par une personne seule : ce sont près de 5 millions d’unités qui ont été habitées par des familles et qui, le temps passant, ont vu leur taux d’occupation baisser en raison des événements de la vie ; en favorisant la mobilité des personnes âgées vers des logements plus adaptés, on peut libérer des maisons recherchées par des familles et ainsi augmenter leur taux d’occupation.
- Augmenter la part des logements habités à titre de résidence principale : les locations touristiques de courte durée, les résidences secondaires et la vacance font baisser ce taux et diminuent la capacité d’accueil du parc bâti d’une ville ; c’est aujourd’hui un sujet brûlant et pris à bras le corps par les élus et les collectivités des secteurs littoraux notamment.
- Augmenter le nombre de logement à surface habitable donnée : en favorisant la reconfiguration et la subdivision adaptée de surfaces existantes, on peut réduire le nombre de m2 habités par personne et donc augmenter, à surface bâtie constante, le nombre de logements et donc la capacité d’accueil d’une ville.
- Augmenter la part des espaces habitables au sein de l’ensemble des surfaces de plancher construites, en réduisant les exigences de stationnement par exemple.
- Augmenter la hauteur des bâtiments, par démolition reconstruction ou par surélevation.
- Augmenter l’emprise au sol bâtie à l’échelle parcellaire, en autorisant les implantations en front de rue et en limite parcellaire notamment.
- Augmenter la part des espaces résidentiels au sein de l’ensemble des surfaces bâties, en opération un travail de reconversion de bureaux en logements par exemple.