En défense des grandes villes denses : l’esprit village

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2 min de lecture  |  Publié le 16/09/2022 sur | Mis à jour le 17/05/23

Certaines des plus grandes mégapoles au monde sont en réalité constituées de villages urbains de plusieurs dizaines de millions d’habitants… et de maisons !

Un exemple de tissu urbain de faible hauteur : Tokyo et son “océan de maisons”

Ainsi, contrairement aux idées reçues, les grandes villes ne prennent pas toutes la forme d’immeubles de très grande hauteur : elles n’imposent donc pas toutes à la grande majorité de leurs habitants d’habiter en immeuble collectif.

L’exemple le plus iconique, qui démontre que la “ville” et la “maison de ville” (ou la maison de village) peuvent être intimement liées, est sans doute Tokyo : le tissu urbain de la plus grande mégapole du monde (42 millions d’habitants) est en constitué d’un “océan de maisons”, pour reprendre la belle formule de Jorge Almazán dans son ouvrage “Emergent Tokyo” (ORO Editions, 2021).

Si de nombreuses maisons d’architecte de la capitale japonaise sont devenues célèbres pour leur virtuosité à tirer parti des petits espaces, la principale caractéristique de ces millions de maisons tokyoïtes est avant tout qu’elles soient “toutes différentes” :

  • construites à l’unité,
  • le long de maillage de voies, ruelles et venelles à échelle humaine,
  • en autopromotion (à maîtrise d’ouvrage habitante) ou en micropromotion,
  • selon un modèle économique et des volumes qui maintiennent, finalement, les maisons de ville de la région à un niveau de prix relativement abordable,

Une maison coûte, en moyenne, 300 000€ aujourd’hui dans l’agglomération de Tokyo.

La promotion immobilière et ses nouveaux modes de développement “inorganiques”

Cet “esprit village” est aujourd’hui menacé, à l’inverse, par “les nouveaux modes de développement”, que Jorge Almazán appelle “l’urbanisme conduit par la promotion immobilière” (corporate led urbanism) et qui rompent aujourd’hui avec cette tradition de la fabrique “organique” et “spontanée” du “tissu urbain de faible hauteur”.

Ces nouveaux développements opèrent par la “variation d’une seule et même typologie de bâtiment : l’immeuble de très grande hauteur, composé d’appartements de luxe et de bureaux élevés au dessus de vastes centre commerciaux”.

“Inorganiques”, ils illustrent, en miroir, et selon Jorge Almazán, “ce qui constitue les qualité urbaine du tissu urbain émergent de Tokyo :

  • l’intimité, 
  • la résilience,
  • le dynamisme local construit par ses habitants ordinaires”.

Dans le prochain article, je vous parlerai de l’agglomération de Jakarta qui présente, elle aussi, et malgré les problèmes qu’elle rencontre aujourd’hui, un tissu périurbain villageois, dense et vivant, à échelle humaine, d’une morphologie organique exceptionnelle, dont nous pourrions nous inspirer, comme de l’exemple de Tokyo, pour imaginer le tissu urbain des métropoles durables et vibrantes de demain !

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