Ce n’est pas la fin du pavillon avec jardin en Bretagne : c’est là qu’il se réinvente
La Bretagne est, de toutes les régions de France, celle qui est aujourd’hui la plus en pointe sur la réinvention de la maison avec jardin
Dépasser le modèle métropolitain
C’est un euphémisme que de dire que les métropoles polarisent, la preuve : on les critique mais on ne peut s’empêcher d’y vivre.
Dans un entretien réalisé par la revue électronique Métropolitiques en avril 2022, l’économiste Olivier Bouba-Olga revient sur sa thèse : à ses yeux, les concentrations métropolitaines ne génèrent ni plus de croissance ni plus d’emploi.
Dans ses travaux de recherches, il s’est employé, avec son collègue Michel Grossetti, à vérifier ou infirmer l’hypothèse suivante : il existerait un « effet taille », au profit de quelques très grandes villes (les métropoles), en matière de performance économique. D’après les deux chercheurs, si cette hypothèse était vérifiée, « la croissance de l’emploi serait, par exemple, d’autant plus forte que la population ou l’emploi initial du territoire serait grand ».
Le cadre de la recherche est le suivant : à l’échelle de la France métropolitaine, sur différents jeux de données (croissance de l’ensemble des emplois ou du sous-ensemble des emplois privés) et différentes périodes (avant ou après la crise de 2008, notamment).
En voici les conclusions :
Un tel effet n’existe pas ou peu, c’est la diversité des situations qui domine. Certaines très grandes villes présentent des « performances » élevées, d’autres non, idem pour toutes les tailles de ville, en fait.
Selon Olivier Bouba-Olga, « au-delà des discours sur la métropolisation, il faudrait se débarrasser de la recherche obsessionnelle d’un modèle générique de développement territorial pour prendre acte de la diversité des territoires et de la richesse que constitue cette diversité. »
Mais avant de jeter les métropoles avec l’eau du bain, on pourrait essayer de creuser l’attrait fondamental pour ces dernières, en dépit de leurs caractéristiques répulsives.
Les métropoles ont été un “modèle” mais sans doute aussi plus qu’un simple modèle.
Le phénomène urbain à l’échelle monde montre que ce sont pas que de simples effets de mode de “modèles de politiques publiques” qui ont créé le phénomène de métropolisation ces dernières décennies, mais surtout des raisons anthropologiques qui sont, étonnamment, peu analysées : en France, c’est tout le rapport au travail qui a changé. Et la géographie de l’occupation du territoire qui va avec.
Un travail fixe, stable, envisageable sur 40 ans, permet de vivre à peu près partout en France.
Par contre, le fait de devoir disposer de suffisamment d’opportunités pour travailler dans 5, 10 ou 20 situations professionnelles différentes au cours d’une vie rend quasiment impossible l’idée de se fixer dans une petite ville isolée.
Certains migrent (et font grandir leur famille) dans les grandes villes par choix. D’autres le font par nécessité. Cette nécessité relève en grande partie de la sécurité de l’emploi et, plus largement, de cette forme de sécurité que procure une (grande) ville : rassembler, en un même lieu, une grande partie de ce dont vous pourriez avoir besoin dans les années à venir.
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