Les micro-folies de la densification douce !

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Publié le 31/07/25
Mis à jour le 31/07/25
3min de lecture
Les micro-folies de la densification douce !
Amandine Hernandez - Villes Vivantes

ORGANIC CITIES II – FRENCH WEST COAST

les 18 & 19 septembre 2025 à Sciences Po Rennes !

Comment la beauté peut-elle émerger du minuscule ?

À rebours des grands projets d’aménagement, où la beauté ne survient que lorsque le concepteur est exceptionnellement talentueux — et fait souvent défaut dans les autres cas —, la BAMBA explore une esthétique plus discrète, plus vivante : celle du quotidien, du détail, du geste habité. Lauréate  Démonstrateurs de la ville durable , BAMBA — La Grande Plaine, menée en partenariat avec la Ville de Clermont-Ferrand, propose une alternative concrète à la standardisation des formes urbaines.

Son principe est simple : créer des microlots découpés sur-mesure, libres de constructeur, pour permettre à des familles — souvent issues du parc social — d’accéder à la propriété d’une maison  de ville  avec jardin, accompagnées par un service d’urbanisme collaboratif et personnalisé.

À l’inverse d’une esthétique imposée par le haut, BAMBA laisse émerger des formes nées des usages :

  • une petite maison de plain-pied pour une retraitée,
  • une maison avec salle de sport pour un couple dont le mari est coach,
  • un petit collectif à vocation locative,
  • un jardin partagé entre deux cousines, chacune avec sa propre histoire.

Cette fabrique progressive et fragmentaire de la ville donne naissance à un paysage architectural composite, modeste mais expressif : des toitures tuiles côtoient des toits-terrasses, les clins d’œil aux azulejos répondent aux parements de pierre de Volvic, et les jardins s’habillent d’arbres fruitiers soigneusement choisis.

Chaque projet devient une micro-folie constructive, un geste d’appropriation profondément singulier qui enrichit le paysage commun.

C’est cette profusion d’intentions modestes mais sincères qui rend les rues de la BAMBA vibrantes : pas de standardisation, pas de répétition, mais une cohabitation harmonieuse de récits de vie, traduits en architecture. Ce phénomène n’est pas isolé.

De Hanoï à Jakarta, des favelas de Rio de Janeiro aux échoppes bordelaises : là où les règles urbaines laissent plus de marge de manœuvre, les habitants s’emparent de l’acte de bâtir avec créativité.

Les villes deviennent organiques, façonnées par des mains multiples, riches de savoir-faire parfois oubliés, et profondément ancrées dans les réalités sociales. En ce sens, les micro-folies de la densification douce sont aussi un acte politique : elles redonnent accès à la fabrique de la ville, ouvrent la voie à une esthétique du possible et interrogent nos cadres réglementaires autant que nos imaginaires architecturaux.

Architecte-urbaniste, Amandine Hernandez a exercé en France et au Brésil avant de rejoindre en 2017 l’équipe fondatrice de Villes Vivantes, où elle dirige aujourd’hui les opérations de densification douce sur tout le territoire. Elle œuvre à faire émerger une culture de la densification douce à grande échelle, appuyée sur la rigueur des métiers, la connaissance fine des territoires et la créativité des habitants.

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