Nos villes deviendront-elles plus “durables” grâce à une approche “low tech” ?

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2 min de lecture  |  Publié le 30/06/2022 sur | Mis à jour le 31/05/23

Ensemble, pour une transition urbaine low-tech

Je ne crois pas que nos villes deviendront plus “durables” grâce à une approche “low tech”.

Je ne discute pas ici :

  • des intentions des auteurs, que je partage (lutter contre le gaspillage énergétique en ville),
  • ni de la voie explorée, que je partage également (faire mieux avec moins),
  • mais de la façon de présenter cette approche, qui me semble contre-productive.

Une approche qui “fait mieux avec moins” est-elle nécessairement “low tech” ?

Nous avons besoin je crois de “plus” d’intelligence, de “plus” de R&D, de “plus” de conception pour chaque m2 de ville.

La photo des brise soleil jaunes illustre bien le problème :

1/ La climatisation mécanique refroidit l’intérieur des bâtiments, mais consomme beaucoup d’énergie et réchauffe l’espace public en ville.

2/ Les brise soleil sont un système passif qui “fait mieux avec moins” : il a donc un meilleur rendement, une meilleure efficience.

Au passage, est-il plus “low tech” que la climatisation ?

Continuons.

Au niveau de ces 2 premières solutions, on reste focalisé sur 1 seul problème : le confort d’été des bâtiments.

Le moucharabieh, une technologie architecturale et urbanistique sophistiquée

Si l’on “progresse” dans la réflexion urbanistique, on rencontre des dispositifs qui sont plus sophistiqués que la clim et le brise soleil “simple” !

3/ Le moucharabieh par exemple, une cloison ajourée que l’on utilise dans l’architecture traditionnelle des pays arabes :

  • il protège des rayonnements directs du soleil ;
  • ses mailles resserrées accélèrent le passage du vent ;
  • au contact de surfaces humides, (des plats ou des bassins remplis d’eau) ce vent accéléré diffuse ensuite de la fraîcheur au sein du bâtiment.
  • il occulte le regard extérieur et peut résoudre des problèmes d’intimité lorsque, comme en ville, on vit en promiscuité,
  • il constitue un élément de composition et de décors des bâtiments qu’elle orne et rafraîchit (les motifs géométriques qui créent la maille sont souvent d’un raffinement exceptionnel).

Le moucharabieh n’est pas la “version low tech” du climatiseur

Ce n’est pas non plus la version “ancienne” ou “old school” ou “arriérée” du brise soleil.

C’est tout simplement une “technologie architecturale et urbanistique” : multidimensionnelle, sophistiquée, subtile, à plusieurs paramètres, difficile à concevoir et réaliser, qui ne fonctionne pas partout et dans toutes les conditions, qui a besoin d’être ajustée à des usages, là où la clim et le brise soleil sont des solutions plus simples, mono-dimensionnelles, voire simplistes.

Nous pensons couramment que la ville n’a jamais était aussi “technologique” qu’aujourd’hui.

Pourtant les dispositifs architecturaux et urbanistiques n’ont jamais été aussi pauvrement conçus, pensés, testés.

N’est-ce pas parce que la ville actuelle est “low tech” (pauvre en R&D architecturale et urbanistique) qu’elle doit être bourrée de palliatifs (de type clim pour la chaleur, signalétique de fortune pour le repérage des entrées qu’on n’arrive plus à lire) ?

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