Ville du quart d’heure, ville des GAFA ?

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3 min de lecture  |  Publié le 14/07/2022 sur | Mis à jour le 01/06/23

Ville du quart d’heure, ville des GAFA ?

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Marco Cremaschi | metropolitiques.eu

Un syndrome récurrent ? Une profession n’arrive pas à satisfaire un besoin, une aspiration profonde, alors elle attaque ce besoin en illégitimité, en le qualifiant de “rêve”, un rêve qui serait “flou”, “discutable” et manipulé par de grands méchants loups !

Franchement, il y a sans doute mille et une choses à reprocher aux GAFA … avant celle-ci !

La ville du quart d’heure, la proximité, la ville comme infrastructure permettant l’accès simple, confortable, plaisant, à une multitude d’opportunités, de rencontres, de services, d’emplois…

Ce sont des choses toutes simples, auxquelles un certain nombre d’habitants aspirent sincèrement.


Mais la réalisation de ce “rêve” est aujourd’hui réservée à une minorité d’habitants qui habite, souvent, un urbanisme que nous ne savons/voulons plus produire : celui des villes centrales, belles et denses des siècles passés.

Il est toujours étonnant de voir certains de nos confrères discréditer des rêves que notre corporation (d’architectes et d’urbanistes) refuse de rendre réalisable pour le plus grand nombre.

La ville du quart d’heure n’est pas qu’un modèle au marketing bien huilé. C’est une aspiration, que les prix de l’immobilier, plus élevés là où l’on a accès rapidement à tout, ne démentent pas.


Alors, plutôt que de se retrousser les manches pour rendre ce rêve réalisable par le plus grand nombre – un rêve qui a le bon goût d’être complètement alignés avec les objectifs de réduction des émissions de CO2 dues aux mobilités du quotidien – on préfère se trouver l’excuse du rêve manipulé … :

  • les familles et les actifs du périurbain ne sont pas exclus des centre-ville par un manque d’offre et des prix prohibitifs … non non ! ils “préfèrent” habiter plus loin …
  • les habitants des grandes agglomérations ne rêvent pas de la ville du quart d’heure, ils n’aspirent pas à emmener leurs enfants à l’école à pied… non non ! ils préfèrent les formules creuses qui nous expliquent que la société est “de plus en plus ouverte « aux horizons et aux échelles multiples, à la mobilité, à l’accès à la distance et aux technologies numériques »


Si l’on veut sortir de ce débat qui tourne en rond (qui consiste à essayer de parler à la place des habitants), peut-être est-il temps d’ajouter à la pensée critique (toujours la bienvenue) celle de la recherche et développement, celle qui trouve des solutions pour augmenter les choix réels qui s’offrent concrètement aux habitants, pour que ceux-ci puissent réellement choisir.

Si la ville du quart d’heure était une solution sociale et écologique, compatible avec les aspirations d’une partie non négligeable de la population d’aujourd’hui, saurions-nous la construire, la faire émerger à partir des tissus bâtis que nous ont légués les décennies précédentes ?


Saurions-nous en faire un choix possible pour un peu plus qu’une minorité ? Comment ? À quel coût ? Et pour quels bénéfices ?