Jardiner nos villes pour le climat et la biodiversité : le cas du Gingko biloba

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2 min de lecture  |  Publié le 16/02/2023 sur | Mis à jour le 16/05/23

Photo Emmanuel Boitier pour le concours de l’arbre de l’année 2020 (prix coup de cœur)

Dans la liste des arbres dont les chercheurs soulignent la capacité d’adaptation aux scénarios d’évolution climatique à l’horizon 2050 et 2070, une essence emblématique a retenu mon attention : l’arbre au 40 écus, Gingko biloba L.

A la rencontre du gingko

Présent sur Terre depuis 200 millions d’années puis sauvé de l’extinction par l’homme, qui depuis des millénaires le cultive à des fins ornementales et symboliques, l’histoire de cet arbre est fascinante.

Sa résistance, sa capacité d’adaptation et sa résilience lui donnent la capacité de s’adapter à l’évolution du climat dans nos villes, à tel point que Eric Roston lui a consacré un chapitre dans son ouvrage « The Carbon Age », où il suggère qu’il pourrait être un arbre clé pour adapter nos villes à l’évolution du climat.

Il a beaucoup d’autre atouts à faire valoir : port majestueux, feuillage printanier luminescent qui vire à l’or pour offrir un spectacle unique à l’automne, résistance au vent et au feu, exempt de maladie et de parasites, porteur d’espoirs pour l’industrie cosmétique et pharmaceutique … et même comestible.

Mais évidement, nul n’est parfait !

Trouver des options pour profiter du meilleur de chaque essence

Le principal défaut du ginkgo, dans la perspective d’un urbanisme écosystémique, est sa très faible contribution pour la biodiversité.

Le botaniste Tom Kimmerer, expert en biologie forestière et en foresterie urbaine, nous apprend que l’on rencontre très peu d’insectes sur le ginkgo, donc très peu d’oiseaux, et que si quelques rongeurs comme les écureuils peuvent consommer ses noix, ce n’est jamais leur premier choix. Il en arrive à conclure (un peu vite sans doute) qu’il ne faut désormais plus planter de ginkgo, mais lui préférer des essences locales qui offre d’avantage de ressource à la faune.

Alors faut-il éliminer pour autant le ginkgo, ses qualités d’adaptation et son potentiel de régulateur de nos climats urbains à venir pour lui préférer des essences offrant plus de ressources à la biodiversité… mais pour la plupart plus fragiles à l’évolution des conditions du milieu urbain ?

L’art du jardinier a toujours été celui de trouver des options pour jouir du meilleur de la nature.
C’est là que le principe de stratification végétale nous donne une piste fertile à explorer pour réconcilier le ginkgo et la biodiversité : profiter de son couvert pour installer une strate arbustive et herbacée composée d’essences locales (cornouiller, bourdaine, bouillon blanc,…) ou encore pour y laisser grimper un lierre commun ou une clématite vigne blanche.

Trouver les options d’associations végétales qui puissent satisfaire tout ce que nous pouvons attendre du végétal dans nos villes est un défi mais aussi un espace de créativité à explorer pour les jardiniers urbains au service de la biodiversité !

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