Il existe un élément remarquable qui a malheureusement souvent disparu de nos villes : il s’agit des marquises.
En architecture, le terme marquise
désigne un auvent placé au-dessus de l’entrée d’un bâtiment, comme un magasin ou une gare. Bien que le terme de marquise soit souvent associé à un abri translucide avec une structure métallique, il désigne par extension tous les types d’auvents placés devant une entrée, qu’ils soient vitrés ou non.
Le dictionnaire général des termes d’architecture en français, allemand, anglais et italien1 la définit ainsi :
MARQUISE, s. f., all. Sonnendach, Sonnenschirm von Leinewand, vor Fenster, angl. Penthouse, ital. Zorno. Sorte de petit auvent au-dessus des portes d’entrée, quelquefois en fer avec du verre à vitre : sert à descendre de voiture à couvert.
Les marquises constituent souvent des éléments d’architecture remarquables typiques de l’Art nouveau, comme les abris Guimard. Mais elles ne permettait pas uniquement de descendre de voiture à couvert : elles assuraient un rôle de protection solaire indispensable.
Quand on regarde d’anciennes cartes postales de grands magasins, on se rend compte que des voiles étaient souvent suspendues aux marquises afin d’ombrager les abords et la façade du bâtiment.

L’utilisation des voiles suspendus aux marquises était essentielle dans les magasins compte tenu de l’abondance des vitrages et des vitrines qui augmentent considérablement les apports solaires en plus des apports internes2 .
Avant le développement de la climatisation, le moindre rayon de soleil qui passait une vitrine était un risque de surchauffe potentiel en été.
Au XIXème et au début du XXème siècle, les marquises ont contribué à la protection solaire et au confort thermique
Du nord au sud de l’Espagne : quand la morphologie des cours intérieures s’adapte au climat pour faire baisser la température en ville
des magasins et constituaient des refuges pour les piétons dans l’espace public, en été comme en hiver.
Pourquoi les marquises et la pratique de suspendre des voiles ont-elles disparu ?
On peut faire l’hypothèse que le développement de la climatisation dans la seconde moitié du XXème siècle, ainsi que les contraintes d’entretien de ces éléments ont progressivement conduit à leur abandon.
Malheureusement, ce patrimoine discret des protections solaires a été oublié et les marquises sont devenues de simples éléments décoratifs. Elles font partie du patrimoine ingénieux de la gestion passée du confort climatique de nos villes3 .
Un patrimoine qu’il ne tient qu’à nous de réactiver !
Notes :
- Ramée, Daniel. Dictionnaire général des termes d’architecture en français, allemand, anglais et italien. Paris: Chez l’auteur, 1868. P.264
- Les apports solaires désignent l’énergie thermique ou lumineuse provenant du rayonnement solaire qui pénètre dans un bâtiment, principalement à travers les fenêtres, les baies vitrées ou d’autres surfaces vitrées. Ces apports contribuent au chauffage ou à l’éclairage naturel de l’espace intérieur.
Les apports internes, quant à eux, correspondent à l’énergie thermique générée à l’intérieur du bâtiment par des sources telles que les occupants (chaleur corporelle), les équipements électriques (éclairage, ordinateurs, appareils électroménagers) ou encore les systèmes de chauffage ou de cuisson. - Voir à ce sujet l’’étude :
Acclimatation(s) – Adapter la ville patrimoniale face au changement climatique
, Margaux Girerd, Antoine Basile, Clément Gaillard, Atelier Marē, Atelier Géminé, 2024