Faisable, mais loin d’être simple. La « régulation » nous aidera, mais ne suffira pas. Le fonds friche et, plus largement, l’ensemble des politiques foncières, seront déterminantes, mais ne suffiront pas non plus.
- Les mécanismes qui nécessitent que la puissance publique, ou ses partenaires, se rendent propriétaires du foncier, ou financent des déficits d’opération importants, ne peuvent fonctionner à grande échelle, en particulier dans les secteurs tendus, là où les besoins sont criants, mais aussi là où le foncier est rare et cher.
- Les besoins en logements – et en locaux d’activité – forment un flux. Un flux permanent auquel on ne peut répondre par un stock limité.
Nous devons repenser un système foncier vivant, social, culturel, économique, où l’accès au foncier constructible redevienne fluide, presque abondant. C’est je pense la condition pour qu’il devienne plus juste.
- Chaque année, chaque mois, chaque semaine, des enfants naissent, des jeunes grandissent et finissent par quitter le foyer familial, des ménages se constituent, d’autres se séparent, et d’autres encore se recomposent. Certains jettent leur dévolu sur une région dans laquelle ils n’ont pas encore d’attache pour passer leurs vieux jours. D’autres montent à la capitale régionale pour accéder aux opportunités d’emploi. Et d’autres quittent le centre ville du début de leur vie d’adulte pour trouver une maison avec un patio, une cour, ou un petit jardin.
- Chaque année, chaque mois, chaque semaine, il faut que les acteurs qui fabriquent la ville, habitants, élus et professionnels, puissent puiser dans une ressource foncière renouvelable. Il faut que cette ressource foncière, elle aussi, forment un flux.
Comme l’était l’ancien gisement dans lequel nous puisions, du temps de l’extension urbaine. Mais en intensification, cette fois-ci.
- Au sein des espaces déjà bâtis, 3 cas de figure se présentent :
- les grands fonciers aisément constructibles : avec le temps, les fonciers les mieux situés, dans les secteurs recherchés, ont été utilisés. Restent ceux qui se situent aux abords des infrastructures et d’anciennes friches à dépolluer. Ce gisement foncier est limité.
- les micro fonciers constitués par les jardins des 20 millions de maisons et les toits des 16 millions d’appartements que compte la France aujourd’hui.
Si 37% des français aspirent à une maison avec un jardin de moins de 250m2, alors que la surface moyenne des parcelles produites ces dernières décennies avoisine les 1000 m2, alors ce foncier est abondant, si l’on se donne les moyens de faire aboutir les méthodes de densification douce pour le libérer.
- dans les secteurs tendus, tout est renouvelable en densification forte, par substitution, si celle-ci est autorisée par le PLU, c’est-à-dire finalement si elle est ciblée, stratégique, belle, juste et donc acceptable.