La création du parc national des Cévennes : laboratoire du désert français ?

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Publié le 09/07/25
Mis à jour le 09/07/25
2min de lecture
La création du parc national des Cévennes : laboratoire du désert français ?
Karine-Larissa Basset - Villes Vivantes

ORGANIC CITIES II – FRENCH WEST COAST

les 18 & 19 septembre 2025 à Sciences Po Rennes !

Karine-Larissa Basset sera notre troisième intervenante, aux côtés de Lionel Prigent et Guillaume Sainteny, pour la table ronde #1 — La ruée vers l’ouest : regroupement spatial d’un côté, préservation des espaces naturels de l’autre ?

Nous lui avons demandé de nous conter comment, pendant que la côte languedocienne connaissait un développement littoral florissant, d’autres territoires plus reculés, comme les Cévennes et les Causses lozériens, adoptaient une stratégie d’aménagement complémentaire, qui consiste à tirer partie de la décroissance démographique et des faibles densités humaines qui en résultent.

L’idée d’un parc en Cévennes remonte à la fin du XIXème siècle, portée par des figures comme Robert Louis Stevenson (Voyage avec un âne dans les Cévennes, 1879) et Édouard‑Alfred Martel (pionnier de la spéléologie et grand explorateur du sud du Massif central, 1913), attachés à la protection des paysages cévenols. Dans l’entre-deux-guerres, des associations locales telles que le Club cévenol, ainsi que des forestiers, relancent le projet.

 L’examen des riches archives des différents acteurs engagés — associations, individus, administrations départementales, services centraux —, ainsi que la collecte de leurs témoignages ou ceux de leurs proches, permettent de restituer dans leur diversité et leur complexité les intentions qui ont porté l’idée d’un parc national des Cévennes… Le tableau ainsi brossé s’avère d’une étonnante densité humaine. 

Et pourtant la densité effective au coeur du parc est véritablement très faible : avec seulement 561 résidents permanents soit autour de 0,66 hab/km2.

Auteure de  Aux origines du parc national des Cévennes : des précurseurs à la création (2 septembre 1970) , publié en 2010, Karine-Larissa Basset s’est attachée à documenter et à comprendre ce processus complexe de gestation du Parc national des Cévennes, depuis la fin du XIXème siècle jusqu’à sa création en 1970, ou comment des forestiers, des naturalistes et les services de l’État ont coopéré dans la création d’un outil de reconquête territoriale et de mise en valeur des zones marginalisées, associant protection de la nature, reforestation, sauvegarde des paysages et des espèces animales emblématiques.

Karine-Larissa Basset est historienne, maître de conférence en histoire contemporaine à l’Université Grenoble‑Alpes et membre du Laboratoire Rhône‑Alpes de recherche en histoire, CNRS. Ses travaux portent sur les dynamiques territoriales dans les espaces de moyenne montagne, en France, notamment dans les Alpes et les Cévennes. Elle s’intéresse à l’invention de territoires liés à la conservation, l’utopie, le patrimoine.