Aménagement du territoire, urbanisme et habitat : ces sujets vitaux qui ne peuvent être réduits à des formules trop simples

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2 min de lecture.  |  Publié le 04/02/2023 sur | Mis à jour le 22/05/23

« Moins construire est un levier à ancrer dans nos politiques publiques », Philippe Bihouix, directeur général d’Arep

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« Construire moins », « toujours rénover avant de construire », « libérer les logements vacants avant de construire des logements neufs » : quels effets ont ces slogans ?

L’aménagement du territoire, l’urbanisme et l’habitat sont des sujets trop vitaux et complexes pour se prêter aisément à des formules aussi simples que :

  • « Il faut construire moins » : si ce slogan est appliqué, à tout hasard, par le maire d’une grande ville, les habitants qui n’auront pas été accueillis en cœur d’agglomération iront se loger loin dans le périurbain et prendront, sans en avoir le choix, leur voiture pour des trajets plus longs tous les matins.
  • « Il faut toujours rénover avant de construire » : rénover un logement situé à 30km de son lieu de travail (ou de vie quotidienne) est beaucoup plus émetteur de carbone que de construire un logement neuf à l’endroit qui vous permettra de vous y rendre en vélo.
  • « Il faut libérer les logements vacants avant de construire des logements neufs » : un logement qui sort de la vacance, c’est un logement neuf qui n’est pas à construire mais prenons garde au fait que plus le stock de logement est tendu, plus les propriétaires sont en situation favorable pour faire monter les prix et les loyers… au détriment des ménages modestes qui devront s’excentrer pour aller trouver un logement dans leur budget.

Depuis le fameux « less is more », certains s’évertuent à trouver le bon slogan. Or le bon slogan, c’est Edgar Morin, et tous les penseurs des systèmes complexes qui l’ont trouvé : il ne faut pas de slogan. Pas de simplification du réel à outrance.

Nous n’avons pas besoin d’une religion mais d’une intelligence de la sobriété

Faut-il cesser de penser le cas général, et s’en remettre à des approches purement contextuelles ? Bien sûr que non.

Mais pilote-t-on un avion ou orchestre-t-on un hôpital avec des grands principes ?

Nous devons, tout simplement, construire une discipline, une forme de modélisation de la réalité vivante de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, de la géographie de l’emploi et des marchés immobiliers, qui nous permette d’agir en situation complexe au service du vivant, des habitants, de la planète.

Nous n’avons pas besoin d’une religion mais d’une intelligence de la sobriété. Cette intelligence des usages est sans doute l’une des conditions pour éviter les effets rebonds que ne manqueront pas de connaître beaucoup de nos politiques environnementales si nous n’y prenons pas garde.