L’optimisation des espaces : des territoires aux logements
Je suis un urbaniste passionné… et très énervé par la situation actuelle de la construction en France, et tout ce qui en découle : la crise du logement et notre incapacité […]
Alors que la population mondiale se concentre sur les côtes, la prise en compte des risques climatiques est encore embryonnaire.
En 2020, 2.75 milliards d’individus vivaient à moins de 100 kilomètres d’une côte — dont près d’un milliard à moins de 10 km1. Autrement dit : 35% de la population mondiale a élu domicile sur environ 20% de la surface émergée du globe ce qui se traduit par une densité de population plus de deux fois plus élevée qu’à l’intérieur des terres. De fait, ces zones côtières sont largement urbanisées : en 2012, près de la moitié des villes de 100’000 habitants ou plus se situaient à moins de 100 km d’une côte et elles abritaient 20% de la population mondiale2.
Historiquement, la plupart des villes côtières se sont développées autour d’un port ou grâce à la proximité d’un port. Les mers sont une source de nourriture abondante mais forment aussi, depuis des millénaires, la colonne vertébrale du commerce international — aujourd’hui encore, plus de 80% du volume d’échange internationaux de marchandises est transporté par voie maritime. Par ailleurs, l’attractivité des côtes s’explique aussi par le fait que vivre à proximité de la mer est bon pour notre santé — en particulier, de nombreuses études mettent en évidence des effets positifs sur notre bien-être psychologique et les habitants des zones côtières tendent à se déclarer en meilleure forme physique que ceux qui habitent à l’intérieur des terres. Enfin, parce que les océans absorbent et libèrent la chaleur plus lentement que la terre, les climats océaniques se caractérisent par des écarts de températures moins importants que les climats continentaux (typiquement de -3°C en hivers à 22°C en été), ce qui contribue également à notre appétence pour ces régions.
Néanmoins, les zones côtières sont aussi particulièrement vulnérables aux catastrophes et aux risques climatiques — notamment celles qui sont situées dans les zones côtières de basse altitude (LECZ), c’est-à-dire à moins de 10 mètres d’altitude. Les principaux risques sont la remontée prévisible du niveau des mers, les inondations liées à d’importants épisodes pluvieux et les risques de tempêtes. Face à l’urbanisation croissante des côtes, la multiplication de ces risques pose la question cruciale des stratégies d’adaptation mises en œuvre.
Une étude3, récemment publiée dans Nature, vise à fournir une analyse globale des stratégies d’adaptation des villes côtières au changement climatique, telles que publiées dans la littérature scientifique entre 2013 et 2020. L’analyse porte sur une revue systématique de 683 articles concernant 199 villes côtières de toutes les régions du monde et de tous les groupes de revenus avec, toutefois, des biais géographiques significatifs : l’Asie, bien qu’abritant 75% de la population vivant dans les LECZ, n’est concernée que par 30% des publications et l’Amérique du Nord, avec 23% des études, est sur-représentée.
Par ailleurs, les stratégies d’adaptation identifiées par les auteurs proviennent principalement des économies à haut revenu (56%), bien que ces dernières n’hébergent que 16% de la population des LECZ et concernent surtout les petites villes côtières (moins de 250’000 habitants), suivies des villes de taille moyenne (250’000 à 1 million d’habitants) et, enfin, des mégapoles comme New York, Jakarta ou Lagos. Les dangers les plus fréquemment abordés sont, par ordre décroissant, l’élévation du niveau des mers, les inondations et les tempêtes mais la plupart des études (65%) prennent en compte plusieurs risques simultanément.
Cette analyse met en lumière cinq principaux constats concernant l’adaptation des villes côtières au changement climatique :
En résumé, alors que la population mondiale devrait continuer à se concentrer dans ces zones littorales déjà denses et urbanisées1, la prise en compte des risques liés au changement climatique semble pour le moins parcellaire. L’aménagement du territoire devrait nous permettre à la fois d’anticiper et d’organiser ce double phénomène de métropolisation et de littoralisation que nous observons partout dans le monde et qui nous pose d’immenses défis : peut-on vivre plus nombreux dans des tissus urbains à la fois plus denses, plus adaptés, plus résilients et situés à quelques kilomètres de la côte ?
Notes :
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