Le 4 février dernier, sortait le 30ème rapport sur l’état du mal logement en France de la Fondation pour le logement des défavorisés (ex Fondation Abbé Pierre), annonçant les chiffres de 2,7 millions de ménages en attente d’un logement social et 19’000 expulsions locatives pour seulement 259’000 logements mis en chantier en 2024. Plusieurs cris d’alerte s’élèvent ainsi en ce début d’année face à une crise du logement qui ne cesse de s’aggraver.
D’abord celui d’Emmanuelle COSSE, qui a toujours le mot juste. Dans La Croix, elle se demande comment le logement, qui pèse si lourd sur le pouvoir d’achat des Français peut être l’un des derniers objets d’intérêt politique ?
Pourtant, pour reprendre ses mots :
être logé dignement est une condition nécessaire pour faire grandir des enfants, pour vieillir à son domicile, pour travailler librement et efficacement.Futurs SDF en CDI : les difficultés des jeunes qui se lancent dans la vie active
. Être logé dignement, c’est aussi trouver un logement abordable, selon ses moyens et à proximité de l’endroit où l’on souhaite faire sa vie, sans avoir besoin de rogner sur d’autres besoins vitaux comme manger, se chauffer ou se soigner. Être logé dignement, c’est enfin avoir l’esprit disponible pour s’engager et s’émanciper
Alors, elle propose :
face à certains égoïsmes territoriaux, dans une société qui vieillit et qui s’inquiète, nous devons promouvoir collectivement une ville vivante, accessible, inclusive, bienveillante. Il faut accepter de soutenir les maires et élus locaux plutôt que de les laisser seuls à assumer cette responsabilité.
Ensuite, l’appel de Christophe ROBERT, délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés dans Libération, qui constate une aggravation dramatique de la situation des personnes à la rue et de l’hébergement d’urgence avec le doublement des personnes sans domicile fixe en 10 ans.
La question du logement est pourtant un point clé et le révélateur de toutes nos difficultés et injustices sociales ; il évoque :
une surreprésentation de personnes passées par l’ASE (26 %), des sortants de prison, d’hospitalisation mais aussi les personnes qui ne trouvent pas de place dans le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile, celles expulsées de leur logement (…). Il y a donc deux dynamiques, pour un combo explosif : l’insuffisance de politiques publiques en amont, l’insuffisance de sortie vers le logement en aval.
Enfin, un reportage de Véronique CHOCRON pour Le Monde qui revient sur la situation d’étudiants bordelais installés dans des box de parking
« Opposition dure à la densification douce »
, sur l’augmentation spectaculaire du nombre de demande de HLM de la part d’étudiants et couples sans enfant et les chiffres d’un sondage Ipsos selon lesquels un salarié sur trois aimerait déménager pour se rapprocher de son lieu de travail, mais que seuls 28 % estiment qu’ils y parviendront, compte tenu de leurs moyens financiers…
Christophe ROBERT nous exhorte à nous réveiller.
Quand est-ce que la crise sera suffisamment aiguë pour que nous réagissions ?