Il y a les études sérieuses, empiriques, et il y a 20 minutes, manifestement (qui s’appuie sur une étude belge, sans blague).
1. Une loterie de crédits immobiliers
En exploitant une expérience naturelle
au Brésil, les économistes Bernardus van Doornik et al. révèlent un effet causal significatif de l’accession à la propriété sur le taux de naissance.
L’étude repose sur un dispositif expérimental unique : une loterie de crédits immobiliers utilisée par des groupes d’épargne collective (consórcios).
L’attribution aléatoire des financements pour l’achat d’un logement garant que les effets observés ne sont pas dus à des différences préexistantes entre les ménages mais bien à l’accès au logement.
2. Des résultats empiriques clairs
- L’accès à la propriété augmente de 3,8 % la probabilité d’avoir un enfant et de 3,2 % le nombre total d’enfants
- Pour les 20-25 ans, l’effet est massif : +32 % de probabilité d’avoir un enfant et +33 % du nombre d’enfants
- Le timing est déterminant : un couple obtenant un logement à 20 ans aura deux fois plus d’enfants qu’un couple accédant à la propriété à 30 ans
Un individu obtenant un logement dix ans plus tard (30-34 ans au lieu de 20-24 ans) verra sa fécondité totale divisée par deux.
3. Quels mécanismes expliquent cet effet ?
L’étude met en évidence plusieurs leviers économiques et sociaux.
1 — L’espace disponible : les ménages initialement en situation de sur-occupation ou de mauvaise qualité de logement sont ceux qui réagissent le plus fortement.
Les ménages vivant dans des logements de moindre qualité ou ayant des loyers élevés par rapport à leurs revenus connaissent une hausse plus importante de leur fécondité après être devenus propriétaires.
2 — La fin de la contrainte locative : l’accès à la propriété permet de réallouer des ressources financières auparavant captées par le loyer.
L’impact positif sur la natalité est plus marqué dans les zones où les loyers représentent une charge importante par rapport au revenu.
3 — Le coût d’opportunité du travail féminin : lorsque la part du revenu féminin dans le foyer est élevée, l’effet est atténué.
L’augmentation de la natalité est plus forte dans les ménages où la part du revenu féminin est plus faible, réduisant ainsi le coût d’opportunité du temps consacré aux enfants.
4. Implications pour les politiques publiques
Alors que de nombreux pays font face à un effondrement des taux de natalité
Sobriété immobilière et baisse des naissances : la boucle serait-elle bouclée ?
, cette étude souligne un levier souvent négligé : le logement.
Faciliter l’accession à la propriété pour les jeunes ménages pourrait avoir un impact structurant sur la démographie.
En tout cas pour les jeunes brésiliens.
Le lien vers l’article scientifique est ici.
