Quel est l’impact carbone de notre incapacité à accueillir les habitants qui le souhaitent dans le coeur des grandes agglomérations ?

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2 min de lecture.  |  Publié le 16/05/2023 sur | Mis à jour le 16/05/23

L’analyse des coûts environnementaux de l’étalement urbain : la grande absente du débat européen ?

“Si les coûts environnementaux de l’étalement urbain ont été largement analysés en Amérique du Nord, ce n’est pas le cas en Europe.”

“Pourtant, depuis le milieu des années 1950, les villes européennes ont vu leur surface s’étendre de 80% tandis que la population européenne n’a progressé que de 30%.”

Une recherche publiée en 2018 et conduite par Camille Blaudin de Thé, Benjamin Carantino (Paris School of Economics) et Miren Lafourcade (Université Paris-Sud) compare les villes françaises et leurs agglomérations selon leur taille, leur densité, leur conception et leur diversité (mesurée par la fractalité du tissu urbain) et l’impact de ces facteurs sur les émissions de gaz à effet de serre des ménages.

“Au-delà du seuil de 400 000 habitants, le système de transport permet des économies des émissions dues à la voiture”

Voici les résultats importants à injecter à notre débat sur l’aménagement du territoire :

“Les aires métropolitaines denses ont des empreintes carbones liées à la voiture plus faibles, de même que celles qui disposent de bons réseaux de transports ferrés.”

“Les grandes villes peuvent assumer plus facilement un système de transport public de masse.”

“Par contraste, une bonne concentration spatiale des emplois et de l’habitat et une mixité d’usage importante, telles qu’on les rencontre dans les centre-ville historiques, permet aux petites villes de compenser l’absence de transport publique et la faible densité.”

“Les villes moyennes ne parviennent cependant pas à réaliser cet équilibre : soit elles s’étalent (faibles densités périurbaines et réseau routier très important), soit elles ne sont pas assez grandes pour se permettre un système de transport efficace, soit elles développent des poches de tissus urbains mono-fonctionnelles.”

“La densité a un effet fort et linéaire sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre liées aux mobilités.”

“Au-delà du seuil de 400 000 habitants, le système de transport permet des économies encore plus drastiques des émissions dues à la voiture.”

“Ces gains sont encore plus significatifs dans des grandes villes dont le degré de fractalité est important.”

“Au fur et à mesure que les villes grandissent, les trajets s’allongent avec l’expansion du réseau routier et des distances domicile travail plus importantes, jusqu’à ce que la mise en place d’un système de transport public efficace inverse la donne.”

“Le point de bascule en dessous duquel les aires métropolitaines françaises peuvent atteindre une empreinte carbone liée à la voiture faible se situe autour de 100,000 habitants.”

“Comme la croissance urbaine française se concentre à la frange des aires métropolitaines situées sur l’arc atlantique et méditerranéen, leur performance environnementale décroit avec le temps.”

“À Rennes par exemple, le ménage moyen émet chaque année 550 kg de CO2 en plus en 2015 qu’en 2006. »