Vu que ce sont – déjà – les ingénieurs qui changent le monde, depuis quelques décennies, et aujourd’hui plus que jamais…
Pour changer le monde, n’est-ce pas, pour commencer, le métier d’ingénieur que nous devrions faire bifurquer ?
Je précise ici que je suis de formation ingénieur.
Une approche qui achoppe sur les sujets complexes et vivants
La ville est, par exemple, un sujet complexe qui résiste à l’approche de l’ingénieur.
S’il en va ainsi pour « les villes », comment en irait-il autrement pour « l’environnement », « le vivant » et à fortiori, « le monde » ?
« Si vous voulez changer le monde, devenez ingénieurs : voilà ce que nous devrions dire à nos enfants. Ces formations et ces métiers constituent notre seul véritable levier pour faire advenir, à l’échelle pertinente, de nouvelles manières de produire, d’habiter, de consommer ».
Le « seul », vraiment ?
« La prise en compte des limites planétaires est vouée à devenir une dimension majeure »
Personnellement je pense que prendre en compte les « limites » ne sera pas suffisant, et qu’être formé ou sensibilisé aux « enjeux » ne changera pas non plus grand chose à la difficulté…
Pour commencer, penser qu’on peut déterminer ces « limites » est déjà révélateur du problème de fond de l’approche de l’ingénieur, dès qu’elle aborde des sujets complexes et vivants…
Sortir de l’approche de l’ingénieur : pourquoi, comment ?
Il y a d’autres façons de comprendre, de modéliser, d’apprendre, de developer des techniques, des technologies, de la recherche & développement, de l’art, des métiers, des industries que celles qui résultent strictement de l’approche de l’ingénieur.
Les disciplines de demain, celles qui doivent nous aider à bifurquer en même temps qu’elles nous éclairent, seront différentes, en nature, et pas simplement par les données qu’elles prennent en compte, ou pas.
Et je crois qu’il en va de même pour les autres métiers, comme celui d’architecte. C’est ce découpage actuel (il n’a pas toujours été celui que nous connaissons aujourd’hui) des disciplines et des métiers qui a produit le monde tel qu’il est, et que nous devrions réenvisager, à la racine.
Chaque métier, chaque discipline, chaque branche de la connaissance et de l’action devrait être douée de la faculté de concevoir, de modéliser, de produire, d’analyser, de comprendre, de planifier, d’opérer, de se mettre au service de l’intérêt général et du vivant.