Réinventer et généraliser le village
… afin de produire l’offre massive de logements abordables et sur-mesure dont nous avons besoin, là où nous en avons besoin.
Il existe peu d’approches aussi efficaces pour réduire la pauvreté en ville que de faire en sorte que les gens aient accès à des lots à bâtir où ils pourront construire leur maison, au sein de quartiers planifiés, aménagés et dotés des infrastructures de base. Contrairement à ce qu’il se passe dans l’urbanisation informelle, la mise à disposition par les collectivités locales de lots à destination d’habitat assorties d’un titre foncier et de services fournit une véritable assise au développement social et économique des ménages. Cela agit en faveur de la réduction de la pauvreté en permettant aux gens d’investir dans leurs propriétés, de constituer un capital et de le transmettre à la génération suivante.
Cette méthode renforce aussi la résilience du territoire et de ses habitants, qui s’enrichissent ainsi plus que leurs homologues ruraux et bénéficient de services inédits pour certains territoires comme l’accès direct à l’électricité, ce qui contribue également, par ailleurs, à diminuer le recours à l’abattage d’arbres pour des besoins domestiques.
La liste des avantages d’une telle approche est longue. S’il est vrai que l’accession à la propriété n’est pas la seule clé face aux défis de développement actuels, il est difficile de relever ces derniers sans s’attaquer à la crise du logement. On peut alors se demander pourquoi l’accent n’est pas davantage mis sur la livraison de terrains résidentiels et sur la résolution de la crise du logement à une échelle qui réponde à la demande.
Les dernières données du recensement en Namibie dressent un tableau désastreux : le nombre de logements informels est passé de 77’899 en 2011 à 217’069 en 2023, avec une croissance annuelle d’environ 11’600 unités.
Bien que ces chiffres soient alarmants, des solutions existent. Par exemple, Development Workshop Namibia a mis en place un programme de planification et d’entretien de terrains résidentiels abordables en étroite collaboration avec le gouvernement et les autorités locales.
Cette approche porte ses fruits. Elle est actuellement mise en œuvre dans 19 villes du pays, développant 36 nouvelles zones résidentielles avec plus de 7’000 parcelles. Si de tels progrès peuvent être réalisés avec une petite équipe de jeunes professionnels et un budget limité, imaginez ce qui pourrait être accompli avec un soutien supplémentaire. Fournir 11’600 parcelles par an pour freiner la croissance des quartiers informels serait certainement à portée de main.
Pour passer à l’échelle, le programme requiert un soutien plus important, un soutien à la hauteur de l’enjeu. Un programme national de distribution de terres à grande échelle aurait des retombées significatives pour le gouvernement, le secteur privé et la population. Il permettrait également d’obtenir des statistiques de recensement différentes dans dix ans, de réduire le nombre de logements informels et de faire de la Namibie un modèle pour le reste du continent. Si un tel programme n’est pas une solution qui nous tend les bras pour impulser une véritable amélioration des conditions de vie dans les villes africaines, que nous faut-il ?
Photo ci-dessous : une nouvelle maison en cours de construction à Oshakati Extension 9, où la DWN a desservi 312 parcelles vendues à un coût de développement calculé à 14’330 NAD (700 EUR) par parcelle. Le propriétaire de cette parcelle a commencé la construction quelques semaines après son acquisition.
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