Pourquoi l’heure du “Zéro Artificialisation Nette” est aussi celle de la “maison avec jardin”

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3 min de lecture.  |  Publié le 10/04/2023 sur | Mis à jour le 10/05/23

Comment concilier idéal de maison individuelle et sobriété foncière ?

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Olivier Marin | radiofrance.fr

Le 19 février 2023, dans sa chronique L’urbanisme demain sur France Inter, Olivier Marin s’est interrogé, à la suite d’une étude produite par La Fabrique de la Cité, sur le devenir du rêve de la maison alors que la mise en oeuvre du ZAN se précise…

“ZAN” et maison individuelle ne sont pas incompatibles

La maison est responsable d’une part prépondérante de l’étalement urbain d’hier : les terrains vendus ces dernières années sont de 1000m2 en moyenne, et ils ont été produits pour l’essentiel en mangeant des terres naturelles et agricoles !

Faut-il, dès lors, abandonner ce rêve qui fait encore vibrer 80% des français ?

La réponse est non, si l’on s’organise collectivement comme Périgueux, Épinal, Le Creusot, Morlaix, Pompey, Vitré, Cluses… pour que les maisons de demain soient bâties dans le jardin des anciens !

On peut par exemple commencer par se poser la question de la taille suffisante du jardin pour les ménages, comme le fait l’émission de France Inter, ce qui permet de réfléchir aux typologies de maisons individuelles.

La France, un terrain propice à la densification douce ?

  1. De nombreux propriétaires d’une maison avec grand jardin sont aujourd’hui prêts à en céder une partie à un proche, ou un tiers, pour que celui-ci y fasse bâtir sa maison (entre 33% et 39% d’après les sondages).

    Si l’on considère les 9 millions de maisons existantes au sein des communes de plus de 10 000 habitants et leurs communes limitrophes, cela représente donc un potentiel de 3 à 6 millions de nouvelles maisons selon que l’on envisage de partager ces jardins pour accueillir une ou deux maisons supplémentaires, sur des terrains déjà équipés, viabilisés, et situés proches des services, équipements et commerces !
  2. Du côté de la demande justement, les grands terrains n’ont plus la côte : 37% des sondés indiquent que leur préférence va pour un jardin de moins de 250m2, contre seulement 8% pour un jardin de plus de 1000m2

    C’est une révolution, tout simplement : pour des raisons économiques, mais également environnementales, les français sont prêts à faire bâtir sur de toutes petites surfaces, comme Villes Vivantes l’expérimente également en ce moment à l’occasion du projet Bamba à Clermont-Ferrand : les terrains de 150m2 ne font plus peur, ils séduisent certains profils qui recherchent avant tout la bonne localisation, celle qui leur permettra d’emmener les enfants à pied à l’école et d’aller travailler en vélo.
  3. Aujourd’hui comme hier, faire bâtir sa maison, selon un modèle d’auto-promotion (en étant soi-même le maître d’ouvrage de la construction) reste le modèle économique le plus apte à produire une offre massive de logements abordables.

Alors que le foncier se fait rare et cher, et que les coûts des matériaux de construction sont de plus en plus contraignants, ce modèle en filière courte de l’auto-promotion, que la France a développé et maintenu ces dernières décennies grâce à la maison individuelle, est l’un de nos atouts les plus précieux.

Un atout que nous pouvons à la fois réinventer et faire grandir en développant l’art de la densification douce.