Pour diviser par 2 l’empreinte carbone de la mobilité des Français, il faudra construire

Par
3 min de lecture.  |  Publié le 31/05/2022 sur | Mis à jour le 31/05/23

©Atlas des mobilités 2022

Pour réduire drastiquement le bilan carbone moyen d’un Français d’ici 2030, la réorganisation de la mobilité jouera un rôle central. Le premier levier consistera dans doute à réduire (par 2, par 3 ou 4 en prévisions ne nos objectifs 2050 ?) cette distance des 50 km parcourus en moyenne par jour et par personne… en construisant.

Quel rôle joueront les villes ?

Les « villes » pourraient avoir un rôle très important à jouer pour réussir cette transition, et le débat mérite d’être ouvert !

  • En 1910, la France compte 12 villes de plus de 100 000 habitants.

Les villes françaises logent alors 44% de la population du pays, contre 88% en Allemagne et 62% au Royaume-Uni

  • Un siècle plus tard, elles sont 42 (+30) :

Le recensement de 2009 indique aussi que 78% de la population française est « urbaine ».

Le phénomène du 20 siècle : l’étalement urbain

Ces 100 dernières années, les « villes » ont absorbé, organisé :

  1. une part significative de la croissance démographique : la France a gagné +29 millions d’habitants depuis 1920,
  2. une concentration géographique croissante des emplois : les « villes » françaises ont gagné +35 millions d’habitants sur la même période.

Cet « accueil » a été rendu possible par l’allongement des déplacements, faciles et peu cher : de 7 km à 50 km par jour et par individu en moyenne, dont une part majoritaire pour les déplacements du quotidien.

Autrement dit, les villes ont grandi et accueilli en construisant une forme urbaine très peu dense, en s’étalant.

“Déjà là” et, en même temps, “à construire” : bienvenue dans la ville de demain

La ville de demain présente ce paradoxe apparent :

  1. Elle est en grande partie « déjà là », d’un point de vue géographique.

    Les cœurs des grandes agglomérations, dont la première couronne est généralement peu dense, pourraient accueillir, si on le décidait, une part significative des besoins en logements des années à venir ; une telle densification permettrait de rassembler, dans un même espace, qui existe déjà, une multitude de fonctions, et ainsi de réduire drastiquement les déplacements subis, nécessaires, du quotidien.
  2. Elle est en partie « à construire », du point de vue du bâti.

    Une part importante des logements construits ces dernières décennies ne se situe pas dans les périmètres pertinents pour constituer de futurs cœurs d’agglomérations suffisamment denses et mixtes pour être praticables essentiellement en modes doux.

Densifier les premières couronnes : une option pour les 100 prochaines années

Une option consisterait donc à :

  1. construire du neuf en densifiant le premier cercle des cœurs d’agglo,
  2. abandonner progressivement la part trop éloignée des logements construits à l’ère de l’automobile, qui ne seront bientôt plus accessibles à des coûts raisonnables.

Les villes et particulièrement les grandes villes ont joué un rôle essentiel dans la structuration géographique du pays ces 100 dernières années.

Elles seront sans doute amenées à jouer un rôle non moins structurant dans les 100 prochaines années.

  • Devront-elles se dédensifier, rétrécir ?
  • Ou au contraire continuer à (bien) grandir en retrouvant les niveaux de densité (et de qualité ?) de l’ère pré-pétrole ?

Le débat mérite d’être ouvert en France.