La taille de la ville dans laquelle vous avez besoin de vivre est proportionnelle au nombre de fois que vous prévoyez de changer d’emploi au cours de votre vie.
1. Les villes — ou plus précisément les aires urbaines — sont évidemment, en premier lieu, des marchés de l’emploi
Mais derrière ce truisme se cache un phénomène explosif dont nous n’avons pas mesuré les conséquences.
Notre rapport au travail a tellement évolué que nous sommes passés :
- de générations consacrant l’entièreté de leur vie professionnelle à un employeur
- à un turnover sidérant, passé de 4 ans avant le COVID à 2 ans pour une grande partie des jeunes actifs
Avoir fait le tour
de son job et se mettre en quête d’une nouvelle opportunité professionnelle est devenu une expérience récurrente, fréquente, qui structure un nouveau rapport au territoire.
Or plus cette mobilité professionnelle augmente, plus la taille du bassin d’emploi dans lequel nous avons besoin de vivre est importante.
Dans un monde où l’on change d’emploi tous les deux ou trois ans, il faut vivre dans une ville dix, vingt, cent fois plus grande que celle où nous aurions pu passer une carrière entière dans la même entreprise.
2. Mais depuis la crise sanitaire, un autre mouvement s’est affirmé, d’apparence opposée : la recherche d’un contact plus direct avec la Nature (avec un grand N)
La demande de littoral, de montagne, de paysages exceptionnels s’est accrue.
Ce n’est pas seulement un effet de mode, des 35h ou du télétravail. C’est aussi l’expression d’un besoin d’ancrage dans le vivant, qui émerge à mesure que s’efface la confiance dans les institutions, les entreprises publiques comme privées, les repères collectifs.
Dans une société devenue volatile, fragile et incertaine, la nature redevient un élément de stabilité — et d’hédonisme.
3. Ces deux forces — la mobilité et l’ancrage — ne s’opposent pas. Elles se complètent
- La grande ville offre la sécurité de ne pas avoir à déménager à chaque changement d’emploi
- La nature, elle, offre une réponse à nos angoisses environnementales pour certains, le plaisir d’un cadre de vie bucolique pour d’autres. Et dans tous les cas, un contact avec une réalité belle, noble et puissante, qui nous dépasse
C’est le lieu qui devient le repère fixe alors que tout le reste — travail, statut, liens institutionnels — est fragile, instable, incertain.
Et c’est cette transformation du rapport de l’individu à la société qui explique cette montée spectaculaire du poids du logement dans les dépenses des ménages : quand on paye son logement, on paye de moins en moins des m2 et, de plus en plus, un emplacement, qui nous offre :
- un accès à des emplois
Comprendre les métropoles par l’accessibilité aux emplois
, des opportunités, un environnement, une qualité de vie - la possibilité d’un ancrage, comme une étape dans notre recherche de stabilité