Arbres et nutri-score urbain

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Publié le 17/04/25
Mis à jour le 17/04/25
4min de lecture
Arbres et nutri-score urbain
abeille pat | passion-apiculture.over-blog.com

Abeilles et osmie butinant sur les fleurs d’un arbre à miel (Tetradium daniellii)

Nos villes, dont le verdissement est devenu prioritaire pour leurs habitants à cause du changement climatique, doivent penser aussi aux ressources florales, nectar et pollen (puis fruitières et grainières) qu’elles offrent.

Nous savons que pour la vitalité de la biodiversité, ces ressources doivent être étalées dans le temps et diversifiées.

Les floraisons continues de Paris sont exemplaires : entre arbustes et arbres venus de partout et créations horticoles, les mangeurs de fleurs y sont bien nourris (à défaut d’être tous bien logés !). Elles restent trop peu imitées ailleurs, avec des palettes végétales simples et peu réfléchies, pour cause de routine ou de disponibilité en pépinières.

Retenons la nécessité de privilégier dans nos rues les arbres à belles floraisons, entomophiles1 (les tilleuls, érables ou acacia ) plutôt qu’anémophiles2 (platanes, frênes, chênes…) : ils offrent nectar et pollens riches en acides aminés3.

Bientôt le  nutri-score Biodiversité : vers un nutri-score de nos plantations ? Biodiversité : vers un nutri-score de nos plantations ?   des villes pourra devenir un critère d’aménagement.
La méthode reste à peaufiner, mais intuitivement on pourrait proposer que chaque kilomètre carré urbain abrite une palette plantée qui, entre arbres et arbustes, assure une fourniture de pollens sur quasiment toute l’année.

En 2016 une étude américaine4 s’est intéressée à identifier les assemblages de plantes les plus utiles pour soutenir les populations d’insectes pollinisateurs victimes de perte de ressources florales en milieux urbains. En étudiant 373 sites sur 4 années et en croisant différents critères (résilience, esthétique, local/exotique, invasif/gérable, calendrier floral, ..), les auteurs avancent — à titre d’exemple pour leur coin tempéré du Kentucky et de l’Ohio — une cinquantaine d’arbustes et arbres pour cette palette du futur.

Leur travaux mettent en évidence des critères qui complèteront sous toutes les latitudes, celui de la de résilience face au climat : diversifier les palettes végétales Le jardin à l’heure du ZAN : ce n’est pas la quantité de « vert » qui compte Le jardin à l’heure du ZAN : ce n’est pas la quantité de « vert » qui compte pour étaler les floraisons, aussi préférer les variétés à fleurs simples (le pollen y est plus facilement accessible) et d’éviter les cultivars stériles. Leur étude a fait ressortir quelques champions bien identifiés en matière de ressources florales pour les pollinisateurs : tilleul Le tilleul oublié Le tilleul oublié , heptacodium de Chine La migration de l’Heptacodium La migration de l’Heptacodium , tetradium ou sumac ailé pour n’en citer que quelques-uns.

Tout arbre résistant au sec, à floraisons précoces (avant mi-avril) ou tardives (après mi-juillet) participe à la solution pour un bon nutri-score de nos plantations urbaines.

Esthétique, curiosité botanique de nos pépiniéristes, paysagistes, jardiniers et urbanistes, et apports de ressources florales se conjugueront pour dessiner les aménagements urbains futurs.

Quelques villes montrent de beaux  spots  dont nous pouvons nous inspirer, en voici quelques uns.

La Rue Lavigerie à Nancy (54), plantée de Tetradium : assurément la plus mellifère de France ! (ici en août 2024)

Le boulevard Victor Hugo à Saint Junien (87) planté de Tilia Henryana : un tilleul à floraison longue et tardive (entre juillet et Août)

La rue Victor Hugo à Auch (32), avec ses Féviers d’amérique (Gleditsia triacanthos ‘inermis’), si résilients et mellifères dans l’impitoyable été gascon

Le square Place de Jamblinne de Meux à Schaerbeek en Belgique avec un magnifique Ailante (Ailanthus altissima) bien conduit, résilient et riche en nectar. On notera au passage que nos voisins belges sont moins catégoriques que nous sur son statut d’invasif à évincer, au point d’en recenser 72 individus dans leur Inventaire du patrimoine naturel de la Région de Bruxelles Capitale5

Notes :

  1. Se dit des plantes dont la pollinisation se fait par l’intermédiaire des insectes. Les fleurs des plantes entomophiles ont la plupart du temps des fleurs très nectarifères et/ou très colorées comme stratégies pour attirer les insectes.
  2. Se dit des plantes dont la pollinisation se fait par l’intermédiaire du vent. Les fleurs des plantes anémophiles sont souvent peu voyantes et peu nectarifères mais produisent beaucoup de pollen (par exemple les chatons des noisetiers ou des saules)
  3. Somme, L., Moquet, L., Quinet, M. et al. Food in a row: urban trees offer valuable floral resources to pollinating insects. Urban Ecosyst 19, 1149–1161 (2016).
    https://doi.org/10.1007/s11252-016-0555-z
  4. Mach BM, Potter DA (2018) Quantifying bee assemblages and attractiveness of flowering
    woody landscape plants for urban pollinator conservation. PLoS ONE 13(12): e0208428.
    https://doi.org/10.1371/journal.pone.0208428
  5. Ailanthus altissima sur le site de l’Inventaire du patrimoine naturel de la Région de Bruxelles Capitale
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