Bordeaux Métropole : “territoire du NON”

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3 min de lecture.  |  Publié le 11/12/2024 sur | Mis à jour le 11/12/24

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LA TRIBUNE | À Bordeaux Métropole, une résistance farouche à la densification

Il y a les villes qui vous disent OUI, avec un certain panache. Et puis il y a celles qui vous disent NON, farouchement.

D’un côté : OUI, nous allons tout faire pour construire les logements qui manquent à l’appel afin de loger, le plus dignement possible, tous ceux qui vivent et travaillent sur le territoire.

De l’autre : NON, les places sont prises, vous n’avez qu’à aller vous loger ailleurs… c’est-à-dire plus loin.

A New York, le Conseil municipal vient d’adopter les plans City of YES for Housing Opportunity et City for All, soit la plus grande réforme du zonage en 50 ans : après des années d’inaction, nous déplaçons enfin le pouvoir vers ceux qui ont besoin de logements, et non ceux qui s’y opposent, a déclaré Annemarie Gray, directrice d’Open New York, une organisation YIMBY (Yes In My Back Yard) qui lutte en faveur de l’accès au logement.

Bordeaux et sa métropole demeurent, quant à elles, un désespérant territoire du NON : en pleine crise du logement, le pouvoir exécutif métropolitain a refusé, en septembre dernier, de mettre à l’ordre du jour du conseil communautaire le sujet de l’abrogation des règles manifestement illégales contenues dans son PLU et qui bloquent, concrètement, la constructibilité de quelques 70’000 terrains situés en secteur déjà urbanisé.

La Tribune a enquêté et les résultats sont édifiants.

On ne choisit pas ses voisins. Et à Bordeaux, on les préfère loin résume le journaliste.

La densification est si impopulaire que des règles arbitraires ou obsolètes restent brandies pour l’éviter.

Ainsi, certains maires s’accrochent encore à une règle dogmatique : le minimum parcellaire pourtant supprimé en 2014 avec l’arrivée de la loi Alur, qui vise justement à favoriser la densification.

Mais il y a encore des jurisprudences locales, voit Eric Martin, ancien adjoint au maire de Pessac où, selon lui :

on n’a pas le droit d’accorder des parcelles en-dessous de 300 m2.

Ce que reconnaît le maire, Franck Raynal.

En centre-ville, on ne peut pas diviser un terrain qui fait moins de 350 m2, notre PLU impose un certain écart par rapport aux voisins, affirme- t-il.

Quand, à Eysines, les projets bloquent à 450 m2.

Depuis 15 ans, le PLU est fait pour qu’aucune forme individuelle ne soit réalisée dans le tissu urbain de la Métropole !, peste Jérome Banderier, président de l’ULG – Union pour le Logement en Gironde.

D’ordinaire docile, la profession immobilière commence à se faire entendre. La crise de la construction est tellement à l’arrêt que les entreprises se retrouvent au pied du mur.

Des élus nous disent on n’acceptera pas des terrains en dessous d’une certaine surface. Ne plus respecter la loi est devenu normal.

Mais les prises de parole restent rares et le recours porté par Villes Vivantes sert de porte-voix à une profession qui veut faire bonne figure auprès des élus, car

si vous partez au clash, vous ne travaillez plus pour une dizaine d’années.

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