Rénovation énergétique : sortir des « mono-gestes »… ou des politiques publiques « mono-objectif » ?
La rénovation aidée ne doit pas être un déversoir à argent public mal utilisé parce qu’employé sans compréhension de la nature des besoins.
« Il faut sevrer l’immobilier de la drogue fiscale »
Erwan Seznec | lepoint.fr
Une solution existe pour sortir de cette logique de financiarisation du logement dont le Ministre du logement, Patrice Vergriete, décrit les travers : construire à la demande, à l’unité, en filière courte, réduire les intermédiaires et les risques, donc les marges et les frais de commercialisation.
En un mot, en construisant directement pour le futur occupant, miniaturiser la production du logement pour la dérisquer et la faire entrer dans le monde du sur mesure.
Le principal outil pour s’engager dans cette voie, le plus simple, le plus léger, le plus naturel, le plus abordable, le plus souple, le plus évolutif, c’est la maison que les particuliers font construire pour eux-mêmes : hier, dans des terrains issus de terres nouvellement artificialisées ; demain dans des jardins de maisons existantes qui seront partagés et replantés pour réaliser le ZAN tout en produisant du logement abordable et bien situé en densification douce.
Nous pouvons faire construire sans recourir à la promotion immobilière pour une partie significative de nos besoins, comme nous avons su le faire à toutes les époques dans tous les villages de France, qui ont été construits maison par maison, foyer après foyer.
C’est-à-dire sans recourir au pari, à la prise de risque inconsidéré, à la maîtrise d’ouvrage déléguée, à la défiscalisation et à ses réseaux de commercialisation, aux marges et aux coûts de commercialisation élevés.
Nous pouvons engager le logement dans la voie simple de la réponse contextuelle aux besoins, besoin par besoin, ménage par ménage, à la demande, à l’unité.
Nous pouvons ne pas spéculer mais travailler à répondre à des besoins réels : partager des terrains déjà bâtis au cas par cas, lorsque la demande est là, et faire construire par le particulier, lorsque celui-ci et son projet sont prêts.
C’est que nous expérimentons en ce moment même :
Les coûts de sortie sont abordables, voire très abordables puisque certains locataires du parc social peuvent prétendre via ces opérations à l’accession à la propriété. Et l’investissement de la collectivité très mesuré, puisqu’il s’agit seulement d’ingénierie d’accompagnement.
Une partie de l’avenir de notre outil de production de logement en France réside dans cette production miniaturisée, bottom up, locale, portée par des habitants maîtres d’ouvrage et réalisée par de petites entreprises locales architectes, maîtres d’œuvres, constructeurs et artisans.
Il faudra pour cela que ces acteurs, fragiles, aient survécu à la crise actuelle.
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