Stopper l’étalement urbain nous condamne-t-il à vivre dans des lieux qui vont devenir irrespirables, invivables ?
Pour alimenter nos débats sur :
- la densité urbaine et l’acceptabilité de la densification dans la perspective du ZAN
Crise du logement : il nous faudra choisir entre le NIMBY et le ZAN
,
- la démétropolisation et l’idée du rééquilibrage territorial,
- une certaine ruée vers l’ouest,
- le sentiment d’envahissement que peuvent connaître certains territoires littoraux ou métropolitains face aux phénomènes (mondiaux) de métropolisation et de littoralisation,
Un petit coup d’œil à la répartition de la densité de population en Europe (ci-dessus) nous donne une bonne clé de lecture des spécificités françaises du débat !
Unpopular opinion : défendre le droit de densifier
(i.e. le droit de continuer à accueillir tout en protégeant l’environnement)
En 2021, la loi Climat et Résilience introduit le principe du Zéro Artificialisation Nette
qui postule qu’en 2050 les territoires se passeront, totalement, du recours à l’étalement urbain pour poursuivre leur développement.
Le sujet important, à mes yeux, à court terme, n’est pas tant
- d’arrêter, par tous les moyens et le plus vite possible, de consommer de l’espace naturel et agricole,
- de savoir quels seront les derniers hectares ouverts à l’urbanisation, quelles seront les exceptions,
- ou de faire comme si le ZAN était une sorte de fin du monde qu’il faudrait tenter de retarder de quelques jours…
Le sujet crucial, c’est celui-ci : il nous faut apprendre, vite, à répondre aux besoins à partir d’un nouveau type de foncier. Un foncier déjà bâti, artificialisé et habité.
C’est cela l’urgence, la priorité : apprendre à densifier.
Résultat : trois questions se posent
1. Les capacités de densification des territoires déjà urbanisés sont-elles suffisantes, en France, pour permettre à nos territoires de poursuivre une vie dynamique et prospère en 2050, 2100, 2150 et au-delà ?
Il suffit de regarder une carte de la répartition de la densité de population en Europe pour se convaincre que nous sommes tranquilles pour plusieurs siècles, si nous trouvons les modèles opérationnels de la densification. Nous n’avons pas de problème de place en France, même avec le ZAN.
2. Parviendra-t-on à mettre au point un ou des modèles économiques pour produire — massivement — du logement abordable en densification ?
Ces dernières décennies, c’est la construction de maisons qui a permis de loger les familles, les actifs et les ménages modestes à des prix abordables, grâce au modèle de l’autopromotion, où l’habitant est le maître d’ouvrage de son futur logement.
Or c’est bien l’acte de faire construire sa maison
qui est, dans la pratique, la plus menacé par la fin de l’étalement urbain.
C’est cette question que Villes Vivantes tente de résoudre avec la densification douce
: les opérations BIMBY et BUNTI
La densification douce : mode d’emploi
BUNTI, BIMBY : réussir la transformation de nos quartiers pavillonnaires en villages
ont pour vocation à remplacer, demain, le lotissement sur parcelle agricole ou naturelle. Ceci afin que
faire bâtir
demeure, dans tous les territoires de France, une option mobilisable et scalable, au service du logement abordable.
3. Si l’on ne recourt plus au foncier en extension urbaine pour pourvoir aux besoins, comment ne pas soumettre les jeunes générations, et l’avenir des territoires, aux desiderata de ceux qui, déjà logés, possèdent désormais le foncier bâti à partir duquel le futur sera construit et qui, bien souvent, hésitent à nous donner le droit (via le PLU) de densifier ?
Si le ZAN est inscrit dans la loi, alors il faudra que son corollaire le soit également : le droit de densifier
Le droit de construire en densification, pour accueillir.
Le droit, pour chaque territoire, de poursuivre sa vie.