Abonnement “invisible” : dans le coût d’un logement, combien pèse son emplacement ?
C’est la rareté des logements disponibles dans des emplacements « de qualité » qui fait grimper le logement dans les dépenses des ménages.
Crise sanitaire et exode urbain (2/2) : le démenti des faits
Claire Juillard | media.adequation.fr
“La métropolisation et la périurbanisation continuent de battre leur plein.”
Voilà l’une des conclusions de la mission de recherche menée par Claire Juillard à partir de l’analyse des milliers de requêtes immobilières effectuées sur le site leboncoin entre 2019 et 2021.
Par qui ce fantasme d’un exode urbain a-t-il été créé, imagé, propagé, avec quelles conséquences ?
Certains élus de grandes villes centre ont-ils pu s’appuyer sur cette imagerie pour justifier des politiques de forte baisse des constructions neuves dans les secteurs les plus tendus, alors que la pénurie n’y a jamais été aussi criante ?
Certains propriétaires dans des marchés aux faibles volumes ont-ils surfé sur cet imaginaire pour faire monter les prix « à la campagne », afin de créer un début de spéculation là où il n’y en avait pas encore ?
Les médias ont une très large part de responsabilité dans cet illusionnement collectif…
Mais ce sont aussi les « experts » qu’ils ont interrogé qui auraient dû, sans doute, analyser la situation Covid et post-Covid avec plus de prudence, moins d’utopie, afin de ne pas confondre les désirs hors sols, que les français peuvent exprimer dans des sondages d’intention, et les arbitrages réels qu’ils effectuent dans la vraie vie…
Il était prévisible que non, l’exode urbain post-Covid n’allait pas, d’un coup d’un seul, par magie, résoudre nos problèmes d’aménagement équilibré du territoire, de logement abordable, de cadre de vie, de concentration des emplois.
Non, la métropolisation et la littoralisation ne sont pas un artifice d’état, une lubie de technocrate, une erreur de raisonnement.
Elle sont un phénomène, social, économique et anthropologique qui touche tous les continents.
Plutôt que de nous voiler la face, en développant par exemple des utopies stationnaires, nous devrions apprendre. Apprendre, avec humilité, par exemple des tissus urbains qui fonctionnent bien – comme celui de Tokyo – malgré la taille des grandes villes qu’ils constituent.
Maintenant que le fantasme de l’exode urbain se dissipe peu à peu, un nouvel imaginaire se tient prêt à prendre sa place, pour nous rassurer et nous fournir de bons prétextes au fait de ne pas répondre aux besoins réels et à court terme de logements des Français : celui du déclin démographique prévu à moyen terme (à partir de 2044 en France d’après l’INSEE).
On voit déjà des raisonnements qui pointent le bout de leur nez, qui sous-entendent que le problème du manque de logements sera peut-être bientôt derrière nous…
Vous la reconnaissez, cette petite musique qui repose sur de petites règles de trois, façon ordre de grandeur produits sur un coin de table, des règles de trois qui font complètement abstraction de la géographie, de la sociologie, de l’anthropologie et de ce que nous connaissons des marchés immobiliers ?
C’est-à-dire des décisions réelles prises par l’ensemble des habitants et acteurs de l’aménagement ?
Allez, on se concentre sur les problèmes et les solutions réelles, et on se retrousse les manches, dans le rural comme ailleurs ?
Sources et crédits :
Bléhaut Marianne, Coulondre Alexandre, et Juillard Claire. Un exode urbain post-covid ? Analyse des projections géographiques des Français à partir des données du site d’annonces immobilières leboncoin, Paris, Rapport pour la POPSU et le Réseau Rural Français, 2022.
Article précédent “Arrêter de faire grossir les grosses villes” ?
Article suivant Une utopie peut en cacher une autre
SUR LE MÊME THÈME