Ce qui s’est passé sur la remise en cause du consensus français sur l’énergie nucléaire est-il en train de se reproduire sur l’urbanisme dense ?
Avec pour conséquence une perte de temps considérable dans la mise en oeuvre de nos stratégies d’adaptation et de neutralité carbone
La R&D systémique
?
Lors d’une formation donnée à des élus, je leur ai posé la question :
Comment allons-nous arriver à rafraîchir les villes ?
Leur réponse fut immédiate.
L’unanimisme social sur ce que nous devrions faire pour protéger les villes des trop fortes chaleurs est aujourd’hui tel que je n’ai même pas besoin de vous donner leur réponse…
Nous voyons, aujourd’hui, comment la violente (jouer sur les peurs) remise en cause du consensus autour de la vertu de l’énergie nucléaire a eu un impact considérable sur notre politique énergétique :
- nous avons pris un retard considérable alors que nous avions une avance considérable ;
- notre pays fait volte face, d’un mandat présidentiel à l’autre alors que ces investissements prennent du temps.
Il y a 10 ans, nous étions à peu près d’accord, entre urbanistes, pour promouvoir :
- Le modèle de ville compacte
Dense densité
: mixte, dense et économe en foncier, praticable à pieds et en vélo,
- L’approche du TOD (
Transit Oriented Design
) qui consiste à rapprocher les nouveaux développements des centralités existantes ou des réseaux de transport en commun structurants afin de faire baisser la dépendance à l’automobile.Intensification stratégique
Avec comme buts principaux, de :
- Protéger les écosystèmes naturels et la biodiversité
Nature en ville : les jardiniers urbains au secours de la biodiversité ?
, en les épargnant de l’urbanisation (c’est aussi le sens du ZAN
Crise du logement : il nous faudra choisir entre le NIMBY et le ZAN
, aujourd’hui remis en cause) ;
- Faciliter la vie quotidienne des habitants au sein de l’armature urbaine du territoire, ce qui revient à limiter la nécessité de recourir à la voiture et à de longs trajets consommateurs de temps, de budget et émetteurs de CO2
Pour diviser par 2 l’empreinte carbone de la mobilité des Français, il faudra construire
.
Ce consensus a volé en éclat.
Au sortir de la crise sanitaire :
- Une part sensible des urbanistes prône la déconcentration des emplois, la démétropolisation et l’arrêt de la densification ;
- Le modèle de référence que tout le monde a en tête n’est plus celui de la ville compacte mais celui de la ville verte qu’on oppose trop vite à la ville dense : on croit que ce sont les arbres qui nous protègeront des canicules et non les murs épais, l’ombre des rues étroites, la fraîcheur des cours
Cours intérieures : une technique traditionnelle de climatisation passive des villes… qui révèle les limites de nos modèles de simulation du climat urbain
…
Les conséquences de la perte de consensus se font sentir dès aujourd’hui avec :
- Une remise en cause
Bordeaux Métropole : « territoire du NON »
nourrie de la densification qu’on oppose à la végétalisation,
- Une relance de l’étalement
Le NIMBY contre l’efficacité foncière ?
dans les secteurs tendus, qu’on prend pour une sorte de rééquilibrage des territoires.
- Par exemple celle de villes comme Séville ou Cordoue, dont les cours parviennent — grâce à l’extrême densité et compacité de leur forme urbaine — à réduire de 7 à 15° la température ambiante.
Nous allons donc devoir reconstruire un consensus sur la base de la science, et de l’expérience.