Au-delà d’un ajustement des règlements d’urbanisme, il est nécessaire, pour favoriser la densification douce, de proposer aux propriétaires un accompagnement technique afin de les aider à se projeter, à concevoir et modéliser les options qui leur permettraient de reconfigurer leur lieu de vie.
Près d’un logement français sur 3 est occupé par une personne seule
Voici un point complémentaire important : parce qu’il touche à la situation de vie et au patrimoine des personnes, cet accompagnement ne peut être que profondément humain, en même temps qu’il est technique.
En France, selon les communes, c’est entre 1/3 et 1/4 des maisons qui sont habitées par une personne vivant seule. Bien entendu, ces pavillons familiaux ne sont pas adaptés à l’âge : l’entretien du grand jardin, les escaliers qui mènent aux chambres, la mauvaise isolation mais également la distribution des pièces qui ne convient pas à quelqu’un qui passe le plus clair de son temps, aujourd’hui, à la maison.
Si le règlement d’urbanisme le permet, l’option la plus simple consiste, pour la personne vivant seule, à céder une partie du jardin comme terrain à bâtir afin qu’une famille puisse y faire construire une nouvelle maison. Avec le fruit de la vente, le propriétaire initial peut obtenir un financement des travaux de rénovation et de reconfiguration de sa propre maison, en installant par exemple une chambre et une salle de bain au RdC.
D’une maison familiale bâtie sur un grand terrain, on passe à 2 maisons familiales, bâties sur 2 terrains de taille moyenne… Or ce qui manque dans ces communes, ce ne sont pas des maisons familiales, mais des petites maisons de plain-pied et bien isolées, lumineuses et adaptés à l’âge.
Permettre aux personnes âgées qui le souhaitent de rester le plus longtemps possible chez elles
La meilleure option, du point de vue de la collectivité, ce n’est donc pas qu’une qu’une 2e famille fasse construire un nouveau logement familial dans le jardin mais :
- que la personne (en voie d’être) âgée soit celle qui fasse bâtir, pour elle-même, le plain-pied sur un petit terrain qui correspond entièrement à ses besoins,
- qu’un jeune couple réinvestisse la première maison familiale afin de la reconfigurer complètement.
Des centaines de fois, les équipes de Villes Vivantes ont reçu des personnes retraitées souhaitant aménager une douche à l’italienne, une véranda pour pouvoir mieux profiter du jardin, ou encore céder une partie de terrain difficile à entretenir… souvent, mais pas toujours, nous sommes parvenus, par un accompagnement technique et humain, qui implique les proches et ayants droit, à conduire le projet vers une option meilleure, malgré les obstacles.
Un travail de longue haleine, qui participe à construire une alternative crédible à la maison de retraite
De quels ordres de grandeur parle-t-on ?
Sur l’ensemble des 7000 projets que nous avons accompagnés, ce sont un peu plus de 1000 qui ont été motivés par le fait d’aider une personne âgée à se créer un cadre de vie harmonieux et adapté à ses vieux jours.
Dans la très grande majorité des cas (80% du temps), l’ambition pour les équipes est de permettre à la personne âgée de se construire un plain pied dans son propre jardin, afin qu’elle puisse rester dans un quartier qu’elle connaît, au contact de voisins de longue date, et ainsi de retarder le moment de la dépendance, et de la perte d’autonomie.
Lorsque l’âge vient :
- quitter sa maison pour une autre n’est jamais aisé, même dans son jardin,
- porter un projet de construction est loin d’être une sinécure,
- le financer, loin d’être gagné d’avance.
Mais loin d’être impossible.
Une autre option, plus délicate encore, consiste à accueillir mamie dans le jardin. Minoritaire, cette option représente tout de même un projet sur cinq parmi les projets impliquant une personne âgée accompagnés par nos équipes.
Preuve que la solidarité intergénérationnelle a de beaux jours devant elle.