La densité urbaine et la biodiversité ne semblent pas faire bon ménage, et pourtant, une étude publiée en juin 2024 souligne la capacité des jardins urbains — indépendamment de leur superficie — à fournir un habitat adéquat aux diverses espèces d’insectes.
Réalisée en 2019, cette étude porte sur 65 micro-jardins de 0.39 à 5.9 m², situés aux pieds des immeubles d’Amsterdam et de La Haye (Pays-Bas) — c’est-à-dire dans des milieux urbains très denses. Au total, les auteurs ont identifié pas moins de 235 espèces végétales et 154 variétés d’insectes ; concluant, comme la presque totalité des études réalisées sur ce thème, que les jardins urbains ont un rôle important à jouer en matière de renforcement de la biodiversité. L’analyse du panel de l’étude permet d’observer que :
- La couverture végétale (de 0.44 à 28.24 m²) et la diversité des espèces végétales (de 1 à 28) ont un fort pouvoir prédictif sur le nombre et la variété d’insectes observés ;
- La part des plantes indigènes (par opposition à exotiques) et la superficie des jardins observés ne semblent avoir aucun effet ni sur le nombre ni sur la diversité des espèces d’insectes.
Le grand intérêt de cette étude tient à ce qu’elle se concentre sur une variété de nature en ville très particulière : les petits jardins qui se nichent au cœur de l’espace urbain. C’est-à-dire que, dans ce type d’environnements précis, la taille ne semble pas avoir d’importance : une végétation variée et combinant plusieurs strates (herbacée, arbustive et arborée) forme manifestement un habitat propice pour une grande variété d’insectes et suffit à constituer un maillage favorable à la biodiversité.
Or, ce que décrit cette étude en filigrane, n’est rien de moins que le profil-type des petits jardins urbains en général : une végétation stratifiée et variée, soigneusement entretenue par les propriétaires des lieux, dans des espaces restreints qui forment un vaste réseau hétérogène et interconnecté.
Et ce, d’autant plus que si la plupart de nos activités urbaines constituent autant de menaces pour la biodiversité, il en est tout de même une qui participe activement à son renforcement : le jardinage. Un des exemples les plus remarquables — même si, en l’occurrence, nous avons affaire à des professionnels — est sans doute le jardin botanique de l’Université de Bâle avec plus de 7’500 espèces de plantes différentes sur à peine 0.8 hectares : même le milieu naturel le plus riche de la planète, la forêt tropicale humide, peine à en abriter plus de 900 par hectare.
Autrement dit : tout porte à croire que, du point de vue de la biodiversité, des milliers de jardins entretenus par des milliers de jardiniers constitueront un environnement plus propice que de grands espaces verts homogènes, dominés par les pelouses. La biodiversité est une affaire de diversité : 5 petits jardins de 200 m² entretenus par 5 jardiniers ont de bonnes chances d’offrir bien plus de variété qu’un grand jardin de 1’000 m².