Rénovation énergétique : sortir des « mono-gestes »… ou des politiques publiques « mono-objectif » ?
La rénovation aidée ne doit pas être un déversoir à argent public mal utilisé parce qu’employé sans compréhension de la nature des besoins.
Face à l’inflation des loyers, Bruno Le Maire souhaite la mise en place d’un « bouclier » visant à limiter leur augmentation.
Si l’on redoute que les loyers s’emballent avec l’inflation, on s’interroge moins sur les raisons profondes qui maintiennent une grande partie des ménages et des entreprises dans les territoires aux marchés immobiliers les plus tendus, là où les conditions de vie sont les plus difficiles.
L’attractivité et la surchauffe de Paris, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Montpellier, Nantes, Rennes… seraient-elles les effets :
Sans négliger les points (1) et (2), bien réels, je crois beaucoup au point (3).
Pourquoi les ménages et les entreprises s’obstinent-ils à s’installer massivement là où les prix de l’immobilier sont quasiment prohibitifs ? Là où les embouteillages et la pollution sont les plus démesurés ?
Prenons un peu de recul : le phénomène d’urbanisation est en cours à l’échelle planétaire et la France ne fait pas — ou plus — exception.
Dans les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, les « grandes villes » sont d’abord une réalité (informelle) décidée par les mouvements de population avant de devenir des réalités formelles, administratives et techniques : les individus viennent y chercher la sécurité de leur ménage d’un point de vue économique.
Cette sécurité ne provient ni de la confiance accordée par les individus à un employeur capable d’offrir une carrière de 20, 30 ou 40 ans au sein de son institution ni d’un système social stable et protecteur (droit du travail fort, assurance chômage, santé publique…)
Elle provient de la ville, et plus précisément de sa taille et de sa densité : de sa capacité à rassembler, dans un même espace, beaucoup d’options, d’opportunités d’emplois, de négoces, de rencontres, de relations, de possibilités de vie et de survie, aisément accessibles.
Cette réalité anthropologique qu’ont connu les pays dont le développement s’est produit au 20e siècle — ceux-là mêmes qui ont bâti les grandes villes du siècle dernier — la France est en train de la redécouvrir.
En France, le « bouclier » d’un ménage ce n’est plus d’obtenir un CDI chez EDF, Renault, à l’Hôpital ou à l’Université : tout le monde a une connaissance intime de la fragilité d’un tel contrat.
Le « bouclier », c’est de s’installer durablement à Lyon, Bordeaux, Toulouse… pour avoir accès aux options que ces territoires vous offriront à court, moyen et long terme : tout le monde a une connaissance intime de la solidité d’une telle perspective.
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