La vie sur les toits des villes
Les toits végétalisés de petite dimension et de hauteur limitée sont plus résilients et utiles à la biodiversité en ville que les grands.
Excellente pour l’environnement comme pour notre santé, la pratique de la marche est une caractéristique des espaces urbains denses
Une étude internationale1, menée auprès de 6’822 adultes dans 14 villes de 10 pays différents, concluait récemment que l’activité physique des habitants est positivement et linéairement liées à quatre attributs de l’environnement urbain : (i) le nombre de parcs, (ii) la fréquence des intersections de rues, (iii) la densité résidentielle et (iv) la densité du réseau de transport en commun. Les deux premiers ne surprendront sans doute pas le lecteur — la fréquence des intersections (et donc, en négatif, la faible dimension des îlots) étant un facteur connu de marchabilité
2.
Les deux autres méritent que nous nous y attardions parce qu’elles soulignent toutes les deux des propriétés de la ville dense qui font, c’est un fait déjà largement documenté, qu’on y marche plus qu’ailleurs mais aussi — quoique pour des raisons différentes — plus vite3.
La ville dense se caractérisant — par définition — par un nombre élevé d’habitants par unité de surface, elle permet de viabiliser un grand nombre d’aménités (commerces, services publics, loisirs etc.) dans un espace restreint. C’est l’idée qui sous-tend la ville du quart d’heure
et on peut l’illustrer avec les boulangeries parisiennes : on en compte 1’360 ce qui, en supposant qu’elles soient réparties de façon à peu près homogène dans la capitale, signifie qu’un Parisien en trouve normalement une à moins de 4 minutes à pied depuis chez lui.
La ville dense raccourcit donc les distances et, de ce fait, incite ses habitants à marcher pour la plupart de leurs activités quotidiennes — et cet effet est d’autant plus important que l’on favorise la mixité fonctionnelle des quartiers. Raison pour laquelle la part modale de la marche — c’est-à-dire la part des trajets réalisés à pied de bout en bout — qui atteint 23.9% en moyenne nationale est de 15.8% dans les communes peu ou très peu denses, de 20% dans les communes de densité intermédiaire, de 32.4% dans les communes denses4 et de 45% à Paris5.
À cela s’ajoute le rôle des transports en commun qui, parce qu’ils sont les modes de transports les plus rapides en milieu urbain dense, nous incitent à marcher pour accéder aux stations. Une étude réalisée à Montréal6, par exemple, estimait en 2011 qu’un trajet aller-retour en transports en commun se traduit en moyenne par 2’500 pas — soit 25% du volume d’activité recommandé par jour et 36% de la moyenne nationale française7.
Autre aspect remarquable de cette étude : elle note, comme bien d’autres avant elle, que les usagers des trains de banlieue de Montréal tendent à marcher plus que les utilisateurs de transports en commun moins rapides. Ce résultat est connu — voir, par exemple, des conclusions similaires en Australie8 et en Norvège9 — et conforme à la pratique des ingénieurs en mobilité qui considèrent généralement que la distance de rabattement d’un arrêt de bus n’excède pas 400 mètres tandis que celle d’un train express est deux fois plus élevée.
Dans le cas de Paris, où la part modale de transports en commun atteint 41%, cela porte donc à 86% la proportion de trajets pour lesquels la marche est impliquée. La ville dense est donc non seulement excellente pour notre santé mais elle l’est aussi pour l’environnement.
Notes :