Non, la maison individuelle avec jardin, ce n’est pas fini
Non. Non, la maison individuelle avec jardin, ce n’est pas fini. A Reims comme ailleurs. Dans les grandes villes comme dans les petites. En 2050, comme en 2100 ! Nous devons […]
Au Royaume-Uni, contrairement à ce que pourrait laisser penser leur influence, les NIMBY convaincus sont minoritaires dans les faits.
Confronté à une crise du logement historique, le gouvernement britannique est désormais en faveur de réformes majeures de l’urbanisme, notamment afin de désamorcer le phénomène NIMBY. Le Premier ministre, Keir Starmer, a d’ores et déjà placé la construction de nouveaux logements au cœur de son agenda de croissance, promettant de revoir le système de planification pour atteindre l’objectif de construire 300’000 nouvelles unités par an — Starmer envisage même de construire sur des terres agricoles protégées, ce qui suscite des inquiétudes au sein des conservateurs comme des membres du Parti travailliste.
Dans ce contexte, une analyse (1) réalisée par YouGov pour Labour Together apporte un éclairage intéressant. Plutôt que d’adopter une classification binaire entre les tenants du NIMBY (Not In My BackYard) et les tenants du YIMBY (Yes, In My BackYard), l’institut de sondage a créé une catégorie intermédiaire : MIMBY (Maybe In My BackYard) qui permet de distinguer les Britanniques qui sont prêts à soutenir des projets de développement, mais sous certaines conditions. Sur la base d’une enquête réalisée auprès de 12’000 personnes dont les résultats ont été traité à l’aide d’un modèle MRP (2), l’analyse révèle que moins d’un Britannique sur cinq (17.5%) est presque systématiquement NIMBY (i.e. hard NIMBY
), une proportion similaire (16.6%) est presque systématiquement YIMBY et la grande majorité (65.9%) se classe dans la catégorie intermédiaire du MIMBY.
Autrement dit : le hard NIMBY est beaucoup moins répandu dans la population britannique que ce que pourraient laisser penser son poids politique local et sa capacité à bloquer les projets de construction. Deux éléments permettent d’expliquer ce résultat.
D’abord, d’un point de vue objectif, les propriétaires d’un quartier situé en secteur tendu ont collectivement et individuellement intérêt à voir leur quartier se densifier. L’analyse de YouGov démontre que le soutien à des projets de construction de logement est intimement lié à l’impact que ces derniers auront sur l’accès aux services publics – notamment les services de santé et les transports. Or, l’accessibilité des services publics comme celle des commerces est un effet direct de la densité et de nombreuses études démontrent que des constructions neuves en densification tendent à avoir un effet positif sur les prix de l’immobilier du périmètre concerné. En d’autres termes, un quartier qui se densifie tend à offrir plus de services et à valoriser le patrimoine des propriétaires.
Les résultats de l’analyse de YouGov semblent donc indiquer qu’une très large majorité des Britanniques ont conscience de cette réalité ; la position MIMBY étant probablement adoptée par ceux qui, précisément, conditionnent la densification de leur quartier à la matérialisation de ces effets positifs – ce à quoi il faut sans doute ajouter des conditions sur la beauté du bâti et un renforcement de la présence de la nature en ville. Le phénomène NIMBY procède donc probablement, au moins en grande partie, d’une perception inexacte (et négative) des effets de la densité — qui ne semble, fort heureusement, être partagée finalement que par une minorité.
Reste que cette minorité a, à l’évidence, un pouvoir politique disproportionné. Nous avons déjà évoqué ici une étude réalisée en Californie, où les réunions de concertations sont publiques et filmées, qui montrait que les tenants du NIMBY constituaient une population très peu représentative de l’ensemble des habitants de leur quartier mais, en revanche, très active d’un point de vue politique. En France, où les autorisations d’urbanisme sont délivrées par les maires, c’est sur ces derniers que cette pression politique pèse : maire bâtisseur, dit-on souvent, maire battu
.
C’est ainsi qu’une minorité agissante, motivée par ce qu’elle perçoit (à tort) comme étant le sens de ses intérêts, parvient à imposer ses vues à une majorité qui, en France, ne parvient pas encore à se mobiliser pour se faire entendre. Au Royaume-Uni, les lignes sont en train de bouger : à quand un mouvement YIMBY de notre côté de la Manche ?
Notes :
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