Ne pas empêcher les habitants de prendre des décisions d’adaptation vertueuses

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3 min de lecture.  |  Publié le 02/10/2024 sur | Mis à jour le 02/10/24

@its_eclectique | Unsplash.com

Premier principe de l’urbanisme organique : ne pas empêcher les habitants de prendre des décisions d’adaptation vertueuses.

Par exemple, de vivre dans les lieux denses, praticables à pied, en vélo et en transport en commun.

La carte ci-dessous est issue d’un travail de modélisation des mobilités quotidiennes (tous motifs) des quelques 200’000 habitants du territoire du SCOT La Rochelle Aunis, réalisé en 2023 par Villes Vivantes et l’OFCE (Xavier Timbeau).

Elle montre que, selon le lieu où l’on réside, les kilomètres parcourus chaque année en voiture, et donc les émissions carbone liées aux mobilités du quotidien, peuvent varier d’un facteur 4 !

Rien de contre-intuitif, donc, mais une finesse de localisation (le carreau 200×200 mètres) et une quantification précise rendue possible par des données et des modèles sophistiqués.

Que doit-on en conclure ? Cette carte montre-t-elle :

  1. d’une part, des habitants vertueux : ceux qui habitent le cœur de l’agglomération, qui regroupe emplois, services, équipements et transports en commun ?
  2. et, d’autre part, des habitants aux mobilités peu vertueuses : ceux qui, pour trouver l’espace dont ils avaient besoin pour vivre, notamment avec leurs enfants, ont du s’éloigner, en raison du manque d’offre et des prix prohibitifs du cœur de l’agglomération ?

Évidemment non !

Les éléments quantifiés que cette carte porte à notre connaissance ont deux conséquences pratiques, asymétriques dans leur logique :

  1. Nous ne devrions pas imposer aux habitants du territoire d’habiter dans les territoires où l’on émet peu pour se déplacer, évidemment. Personne ne peut être forcé à déménager sur la base d’un bilan carbone.
    Par contre, nous ne devrions pas empêcher les personnes qui, ayant bien réfléchi, souhaiteraient aller en vélo au travail, faire monter leurs enfants dans un bus pour aller à l’école, ou tout simplement réduire drastiquement leur budget essence, de pouvoir le faire, en s’installant dans le cœur d’agglomération.
    Ces communes ont donc la responsabilité de ne pas interdire ces stratégies d’adaptation, elles ont la responsabilité de les rendre faisables, en libérant une offre jusqu’à ce que la demande de logement bien situés soit satisfaite (dans un territoire comme celui de l’aire d’attraction de La Rochelle, qui gagne 1’600 habitants chaque année, cette demande n’est pas infinie).
  2. Nous devons constater que certains territoires éloignés ont des contraintes de mobilité très forte, qui pèsent sur les émissions du territoire, mais aussi sur le budget des ménages et leur reste à vivre.
    Des politiques publiques complémentaires doivent être imaginées pour rendre le quotidien de ces personnes plus aimable, y compris pour celles qui se sont éloigné du centre par choix.

Pour autant, ce n’est pas en ne permettant pas aux ménages qui le souhaitent de s’installer dans le cœur d’agglomération (i) que ces ménages éloignés seront aidés et (ii) que les émissions globales du territoires baisseront.

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