Le vrai problème du logement n’est pas (seulement) celui qu’on croit.
Il réside, de façon décisive, dans le manque de places disponibles dans les lieux où l’on a vraiment envie de vivre.
J’ai expliqué, dans cette série :
- pourquoi l’emplacement est devenu aussi crucial pour le logement que pour le commerce,
- comment la grande ville et la nature, avec un grand N
Réinventer et généraliser le village
, sont devenues les deux grands critères du bon emplacement, - comment le lieu physique est devenu le point d’ancrage à partir duquel se déploient la flexibilité du travail, nos escapades virtuelles, mais aussi cet intense besoin & désir d’accès aux autres, à la culture, aux opportunités.
C’est ce qui :
- rebat les cartes du pays,
- pousse les migrations internes vers les meilleurs emplacements,
- crée d’immenses contrastes entre les territoires.
Pour que chaque territoire trouve une voie, nous devrons sans doute réapprendre l’art de créer de bons emplacements, d’augmenter le nombre, la disponibilité et l’accessibilité des lieux qui répondent, directement ou indirectement, à nos aspirations.
Alors comment fait-on pour créer, en 2025, un bon emplacement
Réapprendre à créer de bons emplacements
?
Voici quelques pistes, organiques.
1. Des maisons, comme on met des fleurs dans un salon
Les Français aiment les maisons.
Implantons-les pour qu’elles donnent une forme à la ville : qu’elles dessinent des rues, des venelles, des seuils.
Tournons-les vers la vie, pas seulement vers le jardin.
Retrouvons le plaisir des belles façades, plantons, décorons l’extérieur comme nous décorons nos intérieurs.
2. Incrémental, comme une relation
On ne bâtit pas l’identité d’un lieu d’un seul coup, pas plus qu’on ne décide d’une vie au premier rendez-vous.
On teste, on apprend, on ajuste : on grandit ensemble, jusqu’à la maturité.
L’incrémental
Pourquoi certaines villes donnent le sentiment d’avoir été « engendrées » plutôt que dessinées ?
, c’est cette idée simple : laisser les acteurs de la ville la construire pas à pas. Par élans, désirs, dialogues et affinités.
3. Proportionner l’offre et la demande
Trop d’attentes et pas assez de places : c’est la tension.
Trop de places et pas assez de désir : c’est la vacance.
Il nous faut, partout, développer une capacité d’accueil à la mesure du nombre d’individus qui trouvent chaque lieu désirable.
C’est ce développement qui crée le mouvement, le charme d’un lieu, sa dynamique.
C’est aussi ce qui rend possible une mixité choisie, non forcée : quand chacun habite ici par choix, et que le hasard a pris part à l’ordre du territoire.
4. Cultiver la croissance et la décroissance
Les territoires vivent, eux aussi, leurs cycles.
La croissance et la décroissance ne sont pas des drames, autant que l’adolescence et la vieillesse n’en sont pas. Ne les refusons pas. Toutes deux sont nécessaires à l’équilibre du pays.
Les bons emplacements ne sont pas créés mais cultivés.
Quand ils fleurissent, c’est souvent parce que des personnes très différentes ont choisi, un jour, de vivre rassemblées dans un lieu qui leur ressemble.