Pour aider les habitants à supporter les fortes chaleurs estivales, est-il plus efficace de planter ou de densifier
Densifier et jardiner
nos villes ?
1. La réponse est évidente : pour atténuer l’impact de la chaleur il nous faut développer des stratégies qui combinent l’augmentation
- de l’ombre apportée par le bâti (hauteur, étroitesse des rues et des espaces extérieurs privés comme publics, compacité),
- du couvert végétal (des murs, des toitures, des jardins, des cours et des espaces publics) qui va apporter une ombre complémentaire,
- de l’humidité ambiante, qui peut être apportée par des points d’eau et fontaines, ou par l’évapotranspiration des végétaux (si ceux-ci sont bien alimentés en eau et résistent au stress…).
2. Alors pourquoi y a-t-il débat ?
Vous l’aurez remarqué, on assiste, dans la prévision des élections municipales de 2026 :
- à un concours à celui qui plantera le plus d’arbres en ville…
- sans assister en parallèle au concours symétrique : celui du maire qui propose de construire plus haut, plus étroit, plus ombragé, plus dense !
On comprend tous aisément comment, d’un point de vue politique, cette stratégie peut être payante.
Mais la question mérite d’être posée d’un point de vue technique tant on constate que, dans le débat public, planter et végétaliser sont devenus de puissants prétextes pour ne pas construire et accueillir en ville (et donc relancer l’étalement urbain).
3. Que nous dit l’expérience ?
On estime, par exemple, que Lyon connaîtra, en 2050, le climat de Madrid.
La 1ère chose que nous pourrions observer c’est donc, peut-être, ces villes du bassin méditerranéen aux rues sinueuses et étroites, bordées de murs épais que l’on peut raser à midi, et dont les bâtiments sont organisés autour d’étroites cours intérieures
Cours intérieures : une technique traditionnelle de climatisation passive des villes… qui révèle les limites de nos modèles de simulation du climat urbain
.
Contre tout nos préjugés, les parcelles y sont :
- extrêmement bâties,
- minérales,
- imperméabilisées,
- et les espaces extérieurs réduits au minimum…
4. L’expérience en avance sur la science
La littérature scientifique, pourtant, peine souvent à mesurer les vertus climatiques de ce savoir-faire vernaculaire.
Comme cet article qui, examinant l’effet de la densité urbaine et de la couverture végétale sur l’îlot de chaleur urbain (ICU) à Brisbane en Australie, conclue que la couverture végétale a un impact plus important sur l’Ilot de Chaleur Urbain que la hauteur des bâtiments et le rapport hauteur/largeur des rues
.
Des conclusions établies sur la base d’une simulation numérique réalisée à une résolution de 1km x 1km…
Quand les cours intérieures des villes méditerranéennes mesurent quelques mètres carrés et sont d’autant plus étroites que le climat est chaud !
Les mesures de température in situ montrent bien ce que les simulations numériques ne parviennent pas à modéliser : comment les cours intérieures permettent, à Cordoue et Séville
Du nord au sud de l’Espagne : quand la morphologie des cours intérieures s’adapte au climat pour faire baisser la température en ville
, de réduire les températures extérieures de l’air de 6,8 à 14,3°C lorsque la température extérieure dépasse 40°C.