Agrandir le coeur de Bordeaux Métropole : quatre mois après le lancement de l’initiative, des centaines d’habitants mobilisés

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4 min de lecture.  |  Publié le 14/03/2024 sur | Mis à jour le 17/05/24

Crise du logement : une start-up bordelaise propose de construire des habitations dans les jardins des particuliers

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Valérie Deymes | sudouest.fr

Non, il n’existe pas de taille minimale de terrain pour avoir le droit de construire sa maison

Existe-t-il une taille minimale de terrain pour avoir le droit de construire une maison dans ma commune ? Et en particulier sur le territoire de Bordeaux Métropole ?

La réponse est non !

Elle a été apportée, 3 fois, lors des réunions publiques qui se sont tenues en décembre 2023 à Gradignan, Bègles et Eysines, organisées dans le cadre de l’initiative vv.love portée par la direction de l’impact social de Villes Vivantes.

Habitants, professionnels et élus ont pu échanger et débattre autour de cette question qui méritait clarification.

  • Sébastien BOIME et Denis CARAIRE, urbanistes, ont apporté les réponses sur le fond ;
  • Maître Olivier CHAMBORD a pu contribuer aux débats et produire une note juridique apportant la réponse formelle ;
  • La presse locale a couvert les évènements, en donnant notamment la parole aux élus présents.

« Vous êtes là soit parce que construire un logement dans votre jardin ou céder une partie de ce dernier en terrain à bâtir vous intéresse, soit parce que vous ne souhaitez pas que vos voisins construisent dans leur jardin. Soit enfin, comme nous, parce que vous vous préoccupez de la crise du logement, du fait que des actifs passent des heures en voiture ou en TER pour rejoindre leur travail à Bordeaux ou que des étudiants ne trouvent pas à se loger et que des salariés dorment dans leur voiture… », a ainsi déclaré Denis Caraire, directeur de l’Impact Social de Villes Vivantes, en introduction de la première soirée.

Déjà une dizaine de porteurs de projets accompagnés

Etait-il nécessaire d’apporter de telles précisions aux habitants de la métropole bordelaise, et notamment aux 170.000 propriétaires d’une maison de la Métropole ?

Trois fois oui, au regard :

  1. de la situation critique du manque de logements dans la métropole (à Bordeaux Métropole, au 31 octobre 2023, 1.250 logements avaient été autorisés, soit 1/6e seulement des 7.500 logements attendus chaque année par le Programme Local de l’Habitat),
  2. du flou qui régnait, dans la pratique, en amont et au moment de l’instruction des demandes d’autorisation d’urbanisme de la Métropole, sur cette question,
  3. du potentiel d’accueil immense, compatible avec le ZAN, qui réside dans les projets d’initiative habitante : à une vitesse douce de 1%/an, les 170.000 maisons de la métropole représentent un potentiel de 1.700 logements supplémentaires chaque année (1/4 des besoins) produits soit par reconfiguration/extension des maisons existantes, soit par la construction de 2e maisons dans les jardins.

C’est l’une des motivations qui a poussé la direction de l’impact social de Villes Vivantes à lancer, début 2024, l’opération « agrandir le cœur de Bordeaux Métropole », avec des portes ouvertes bimensuelles lors desquelles des urbanistes reçoivent gratuitement des dizaines d’habitants porteurs de projet afin de les aider à comprendre et visualiser :

  • non seulement tout ce qui est interdit et proscrit ;
  • mais surtout tout ce qu’il est possible de faire.

Et au bout d’une heure de travail à dégrossir les contraintes et les options, la phrase qui revient le plus est la suivante :

« Mais pourquoi personne ne m’avait dit que je pouvais faire tout cela ? »

L’urbanisme comme service aux habitants plutôt que chemin de croix administratif

Attardons-nous un instant sur le cas d’un porteur de projet :

« Nous sommes en train d’acheter un terrain à XXX (une commune de Bordeaux Métropole, desservie par le tramway).

Nous avons déposé un permis de construire le 8 janvier, qui a été instruit le 10 janvier, et qui nous a été refusé sans réelle explication le 26 février après 7 semaines de silence.

Nous sommes un peu paralysés et envisageons d’abandonner le projet car nous ne pouvons pas repartir sur 4 ou 5 mois d’attente avant de signer… »

Autant d’habitants éberlués, choqués de découvrir comment un particulier qui souhaite faire construire un logement, dans un territoire qui en manque cruellement, est reçu, souvent considéré comme a priori suspect.

Comment faire en sorte que l’urbanisme devienne un véritable service aux habitants, plutôt qu’un long chemin de croix ?

Pour revenir au cas évoqué juste au-dessus :

  • le terrain est là, constructible,
  • les acquéreurs également,
  • le projet est financé,
  • le maître d’œuvre est choisi,
  • mais la collectivité joue la montre…

Pour ce jeune couple avec enfants, c’est la troisième fois, en un an et demi, que leur projet d’achat de terrain échoue dans des circonstances similaires.

« Est-ce que c’est comme cela avec tout le monde ? » demandent-t-ils.

Ce cas est effectivement loin d’être isolé, mais gageons que la crise que nous traversons sera l’occasion de renverser la vapeur pour que l’urbanisme soit synonyme, demain, d’un grand « bienvenue » !