Le NIMBY, une question de peurs, qui affecte moins les jeunes que les babyboomers
Cette théorie suggère que les oppositions aux nouveaux logements … seraient largement influencées par les associations symboliques
Londres est l’une des villes les plus inaccessibles du Royaume-Uni en matière de logement. Alors pourquoi n’y a-t-il pas des centaines de personnes soutenant chaque demande de permis de construire visant à développer de nouveaux logements dans la ville ?
Le déséquilibre entre l’offre et la demande de logements continue de faire grimper les loyers à des niveaux record, rendant la propriété encore plus inaccessible pour beaucoup. Le prix moyen d’un logement à Londres atteint désormais quatorze fois le revenu annuel moyen, et entendre que la crise du logement s’aggrave
est devenu une rengaine quotidienne.
Pour les jeunes comme moi, confrontés à cette crise, il est facile de se désensibiliser au problème et d’accepter l’idée qu’il faudra peut-être prendre un second emploi pour pouvoir payer son loyer et accéder à l’indépendance financière. Ou encore, se résoudre à vivre chez ses parents jusqu’à la trentaine, en espérant pouvoir acheter une maison un jour. Après tout, si les seules informations sur les nouveaux projets de logements proviennent de personnes expliquant comment s’y opposer sur un groupe Facebook local, c’est bien que de tels projets méritent opposition, non ?
La vérité, c’est que les logements sont plébiscités. En réalité, l’enquête British Social Attitudes montre que dans toutes les régions du Royaume-Uni, la majorité des gens soutiennent la construction de nouveaux logements dans leur quartier. Mais alors où sont ces millions de personnes en colère qui exigent plus de logements ?
Les partisans de la construction de logements existent, mais ils ne sont tout simplement pas mobilisés dans le cadre des processus traditionnels de planification. Avant de rejoindre Just Build Homes, j’étais pleinement consciente de la crise du logement et frustrée par mon expérience de jeune adulte. Pourtant, je n’avais jamais participé à une concertation locale pour soutenir un projet urbain, ni compris l’importance de faire entendre ma voix face à un océan d’objections.
Le fossé qui existe entre frustration et action s’explique par le fait que le processus de planification a malheureusement été dominé jusqu’à présent par les opposants aux projets urbains. Les consultations visent principalement à rassurer les propriétaires existants, souvent inflexibles face à tout projet, qui débattent de la hauteur et de la densité sans même considérer les listes d’attente longues de cinq ans que connaissent les familles des environs dans l’espoir d’accéder, un jour, à un logement bien situé et adapté à leurs besoins. Les dispositifs de concertation et d’aménagement sont extrêmement complexes, jargonneux et, dans certains cas, ne considèrent même pas l’option d’un potentiel soutien au projet, demandant uniquement :
Êtes-vous opposé ou non ?
Just Build Homes entend changer cela. Nous sommes à l’avant-garde du mouvement YIMBY (Yes In My Backyard), en aidant les partisans à se faire entendre et en comblant le fossé entre les défenseurs de la construction et les processus officiels. Nous simplifions et facilitons les commentaires positifs en faveur des projets pour que les logements dont nous avons besoin soient autorisés et construits, car les voix de ceux qui veulent accéder à la propriété sont aussi importantes que celles de ceux qui en bénéficient déjà. Les partisans de la construction ne se préoccupent pas des débats sur l’aménagement urbain, la hauteur ou la densité. Ce qui leur importe, c’est d’avoir accès à un logement sûr, à proximité de leurs familles, amis et attaches sociales et professionnelles. En donnant une voix à cette majorité silencieuse en faveur de la construction, nous donnons aux décideurs une base de données fiable sur les positions effective des habitants sur la question du logement.
À ce jour, nous avons travaillé sur plus de cent projets à travers le pays, permettant à plus de huit mille personnes de rédiger une lettre de soutien à un projet se trouvant à proximité de chez eux. Nous sommes intervenus dans près de vingt arrondissements londoniens, dont Camden, Kensington et Chelsea, Lewisham et Redbridge.
En collaboration avec Ballymore et Sainsbury’s, quatre cent cinquante habitants ont utilisé Just Build Homes pour exprimer et partager les raisons personnelles qui les poussaient à soutenir l’aménagement d’un nouveau quartier comprenant 2’500 nouveaux logements à Kensal Canalside. Chaque soutien réside dans le quartier concerné et a pu recourir à une lettre personnalisée à télécharger sur le site de la consultation du projet. Les partisans évoquent leurs expériences personnelles face à la crise du logement, comme en témoigne Ana R., une locataire du parc privé de quarante-six ans vivant à Hammersmith et Fulham :
En tant que parent affrontant les défis de la crise du logement à Londres, l’opportunité offerte par ce projet me donne de l’espoir. Avec le marché actuel, trouver un logement adapté et abordable a été une lutte incessante.
Des récits comme celui d’Ana humanisent la crise du logement, offrant aux décideurs des témoignages de personnes réelles souvent ignorées dans les processus de décision, mais qui sont pourtant ceux qui ont le plus à gagner si les projets se concrétisent. Lorsque l’on rééquilibre l’expression des positions de chacun, les décideurs peuvent alors évaluer les projets en fonction de leurs mérites, et non des pressions politiques locales.
À travers Londres, nous avons eu plusieurs succès similaires. Nous avons mobilisé plus de cent cinquante personnes pour soutenir la réhabilitation du centre commercial Leegate à Lewisham par la société Galliard, permettant la création de plus de cinq cent cinquante logements, récemment autorisés. À Havering, près de trois cents résidents ont soutenu la construction de mille logements.
Michael Gove a récemment déclaré que « redonner aux jeunes l’espoir d’un toit au-dessus de leur tête permettra de restaurer la démocratie elle-même », et bien que disposer d’un logement ne devrait jamais être un rêve
, mais une nécessité, je partage l’idée que le logement est, pour ma génération, la question la plus pressante. Accéder à un logement sûr, stable et abordable devrait être une nécessité, et non un luxe.
Le système de planification nécessite des réformes sérieuses pour être en mesure de produire les logements dont nous avons désespérément besoin. Et en attendant, Just Build Homes comble le vide.
Cette tribune a fait l’objet d’une première publication en langue anglaise dans la revue Planning in London (avril 2024).
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