Pour son numéro de janvier-février 2025, la Revue Urbanisme a organisé un débat d’idées sur le sujet de densité auquel j’ai eu le plaisir de me joindre.
Il est vrai que le concept est à la fois central dans la pensée de l’aménagement du territoire, multi-facettes, et très clairement difficile à manier dès que le grand public et les riverains entrent dans la salle, en particulier depuis la crise sanitaire et les douloureuses expériences de confinement qu’elle nous a fait connaître…
Voici quelques idées et principes que j’ai posés sur la table pour alimenter le débat, dont vous trouverez l’entièreté dans le numéro papier ou en ligne de la revue :
1/ Dans les territoires qui connaissent une dynamique de développement forte ces dernières années — littoralisation et métropolisation — les habitants sont prêts à payer plus cher pour un mètre carré d’espace dense permettant de bénéficier de toutes les aménités que la densité apporte : c’est donc qu’ils continuent de l’apprécier, encore aujourd’hui.
2/ Ce qui est plus délicat à présenter aux habitants en revanche, c’est le passage d’un niveau de densité donné à un niveau plus élevé, c’est-à-dire l’idée d’une densification
La densification douce : mode d’emploi
de leur cadre de vie.
3/ Or dans chaque lieu dense, la densité, celle qui est appréciée et recherchée par les habitants, est bien la somme des processus de densification passés.
4/ Ce qu’il nous faut c’est donc d’une part des valeurs de référence
Décomposer la notion de densité urbaine en 7 facteurs pour mieux la recomposer et imaginer des stratégies nouvelles de réalisation du ZAN
claires, que les urbanistes devraient s’évertuer à fournir, permettant de relier :
– les promesses qui peuvent être raisonnablement faites par la ville à ses habitants (équipements, services, commerces, emplois, offre culturelle…)
– avec les niveaux de densité nécessaires, dans les conditions actuelles, pour que ces promesses puissent être tenues.
5/ Et d’autre part des méthodes de densification qui permettent d’organiser un processus acceptable par les habitants.
6/ Parmi ces questions de méthode, certaines relèvent de la gouvernance, afin de désamorcer le phénomène et NIMBY
Not In My BackYard (NIMBY)
qui explose aujourd’hui : la proposition de Jean Coldefy et Jacques Lévy
Réforme territoriale : réconcilier bassins de vie et périmètres électoraux
de redéfinir les périmètres d’élection des élus locaux pour qu’ils correspondent au bassin de vie réel, c’est-à-dire à l’expérience du territoire telle qu’il est effectivement vécu au quotidien par les habitants, va dans ce sens, et permettrait sans doute de surmonter nombre de réticences ultra-locales.
7/ D’autres relèvent du modèle d’urbanisme que nous nous proposons aujourd’hui de déployer pour densifier les cadres de vie
Passer de 17 à 19 logements par hectare en 10 ans : augmenter l’offre sans affecter le cadre vie
qui ont besoin d’accueillir plus et mieux.
Sur ce dernier point, il est très intéressant de noter que, malgré nos différences d’expérience et nos divergences sur nombre de sujets, un thème est revenu de façon centrale dans nos échanges de façon positive : celui du village
Réinventer et généraliser le village
.
Or il se trouve, justement, que les acteurs de la densification douce tentent depuis une dizaine d’années de faire du village une méthode de production de la ville avec ses habitants.
Les premières pages du débat sont en accès libre ici.