Faire 10 fois moins bien pour 10 fois plus cher que l’Anah : que veulent les idéologues d’une rénovation énergétique complète ?

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3 min de lecture  |  Publié le 13/02/2023 sur | Mis à jour le 15/05/23

Rénover le parc de logement privés… avec de l’argent que nous n’avons pas ?

Mon point de vue sur ce sujet est tranché, mais il est à la mesure de ce que j’ai pu apprendre sur le terrain auprès de 25 000 ménages que mes équipes et moi avons accompagnés dans leurs projets.

Dans un article publié le 24 janvier 2023, Mediapart donne la parole aux thèses d’acteurs professionnels qui préconisent une rénovation des logements coûteuse, standardisée, limitée à la performance énergétique, aveugle aux usages et aux caractéristiques techniques et architecturales de l’habitat ancien, mettant en doute les capacités de l’artisanat de proximité.

Si ses dispositifs sont perfectibles, l’Anah reste l’acteur principal de la rénovation énergétique qualitative

Quelle confiance accorder :

  • Aux approches purement normatives, qui se passent d’intelligence contextuelle ? N’ont-elles pas montré clairement leurs limites lorsque, par exemple, la RT2012, tout aussi bien intentionnée, a produit des milliers de fournaises estivales?
  • A des acteurs qui oublient que le financeur principal, avec ou sans aides, reste le particulier, dont les besoins sont loin de se restreindre à la seule performance énergétique, et dont les usages créent des effets rebond lorsque le projet n’est pas adapté ?
  • A des raisonnements prétendant imposer aux propriétaires de 30M de logements des rénovations à 90 000€, en les endettant sur 25 ans avec des produits financiers sophistiqués, au motif de baisser leurs factures comme le fait un des promoteurs de ces solutions, ingénieur en nucléaire ?
  • Au dénigrement des réhabilitations à moins de 6 postes de travaux, alors que les centaines de milliers de Français qui les pratiquent les engagent parce qu’ils en perçoivent les bénéfices, de confort thermique, de consommations et de confort budgétaire ? Ont-ils mérité la condescendance de ceux qui leur expliquent que tout ceci ne vaut pas mieux que de « jeter des pierres dans une rivière » ?
  • Au dénigrement du tissu artisanal et de ses capacités à attirer les talents, qui dépendent justement de la possibilité d’endosser un rôle d’interaction et de conception avec les propriétaires, et non de devenir les travailleurs à la chaine d’un système uniformisé ou des paperassiers de la labellisation ?

N’est-il pas évident que tout ce qui ne partira pas des usages et d’une adhésion des propriétaires et des occupants, tout en coûtant une fortune à la collectivité et aux ménages, est voués à l’échec ?

Les dispositifs de l’Anah sont perfectibles, mais depuis 1977, l’Anah a fait plus à ce jour que tout autre acteur pour la massification de la rénovation qualitative. Quant aux professionnels, j’ai infiniment plus confiance en les artisans de nos villes et de nos régions qu’en des marchands d’isolation globale qui prétendent énoncer à chacun quels sont ses projets, ses usages, ses priorités budgétaires et son confort sur la base de normes si universelles qu’elles se périment en moins de 10 ans quand nos logements en ont 30, 50 ou 200.

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