Grande démission : la France y échappera-t-elle ?

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3 min de lecture  |  Publié le 07/07/2022 sur | Mis à jour le 25/05/23

La grande démission : comment la désertion gagne la France

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Gaspard d’Allens | reporterre.net

Au début de l’été 2022, un article du média Reporterre ouvrait une enquête en trois parties intitulée “La grande démission”. Comme avec chaque expression dans l’ère du temps, il peut être intéressant de détricoter les tenants et les aboutissants de ce phénomène.

Que vaut une promotion face au péril climatique ?

Dans son article, Gaspard d’Allens dressait les constats suivants :

  • “Ici aussi, l’exode a commencé. Des centaines de milliers de postes ne sont pas pourvus, faute de candidats, dans l’hôtellerie ou la restauration tandis que dans les grandes écoles, chez les classes moyennes supérieures, la sécession couve. Au-delà des discours tonitruants dans la presse, une révolte plus silencieuse se propage. Dans chaque promotion, et même là où on l’attend le moins, dans les entreprises des énergies fossiles ou dans la haute administration publique.”
  • “Le doute se répand. La crise écologique vient battre en brèche les rêves d’antan au goût de naphtaline. Que vaut une promotion face au péril climatique ? Pourquoi se battre pour des places quand c’est tout le système qui vacille ? À quoi bon s’élever quand tout s’écroule ?”
  • “À quoi tient-on vraiment ? Alors que le monde bascule, des choix décisifs s’offrent à nous. Ils résonnent comme autant de petites voix intérieures. Il est temps d’habiter sa propre vie, de ne plus se renier, de sortir de la dissonance.”

Inventer “les jobs de rêve du 21e siècle”

Parce que cette vague de “départs” est perceptible depuis longtemps déjà, le projet de Villes Vivantes consiste, depuis ses origines :

  1. non seulement à œuvrer à un aménagement du territoire vertueux en trouvant de nouvelles “techniques”, “technologies”, “façons de procéder” pour faire la ville sur la ville, avec ses habitants, grâce à des opérations d’auto-promotion accompagnée qui permettent un urbanisme sur mesure, abordable, et une forme de beauté organique ;
  2. mais également à rendre possible cet aménagement du territoire vertueux grâce à l’exercice de nouveaux métiers : nous avons tenté, depuis 9 années, de créer, de construire, d’expérimentation de nouveaux “jobs de rêve du 21e siècle”, à travers une refondation des métiers d’architecte, d’ingénieur, d’urbaniste et de paysagiste pour retrouver, dans les conditions du 21e siècle, ce paradigme organique, incrémental et participatif qui a tant réussi aux villes historiques.

Le chemin est loin d’être aisé…

Automatisation ou nouveaux “Arts et Métiers” ?

Notre hypothèse est la suivante :

Les “techniques” qui, par leur nature, ne peuvent devenir des “arts”, c’est-à-dire des pratiques qui solliciteront l’ensemble des qualités humaines (de conception et d’exécution, créatives et analytiques) de ceux qui les exercent, seront donc sujettes à l’ennui, à la perte de sens, et finalement aux désertions.

Elles seront “incomplètes”.

Un métier qui n’épanouit pas celui qui l’incarne est voué à disparaître.

Un métier qui est mal découpé, mal défini, amputé, qui n’est pas aligné avec son environnement, et avec celui qui l’exerce, est donc voué à se désagréger.

Ce n’est pas d’Intelligence Artificielle et d’automatisation dont nous avons besoin, mais de nouveaux Arts et Métiers.

Certes, le chantier est immense. Et c’est souvent au pied du mur que la France se révèle.

Alors pourquoi pas ?

“Il faut chercher la force de dire non”, a écrit Albert Camus. C’est lui également qui a prononcé ces mots vibrants : “vivre, c’est ne pas se résigner”

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