La réponse est oui… si l’on associe intelligemment les deux approches du land sparing et du land sharing.
On vous explique !
Land sparing et land sharing : deux approches complémentaires pour la protection de la biodiversité
Ces notions animent le débat sur la protection de la biodiversité depuis une dizaine d’année :
D’un côté, le postulat du land sparing repose sur la séparation des espaces que nous mobilisons pour nos activités (les villes, les infrastructures de transports, l’agriculture, les industries, …) des espaces réservés à la nature. Les parcs nationaux sont une traduction concrète de cette approche. Il s’agit « d’épargner » la nature de notre présence, en postulant que celle-ci est “par nature” négative.
De l’autre, le postulat du land sharing repose sur un partage des espaces que nous mobilisons pour nos activités avec les dynamiques naturelles. L’illustrer est moins évident car, justement, il est question de mélange. Une forêt jardinée peut être un bon exemple. Il s’agit d’organiser intelligemment notre cohabitation avec les dynamiques naturelles.
Pour revenir à notre question de départ, le travail de Morgane Flégeau dans le cadre du programme de recherche Baum du PUCA, mis en lumière par la synthèse éclairante de La Fabrique de la Cité, nous éclaire sur plusieurs points :
D’une part, certaines études concluent qu’en matière de biodiversité, le type de gestion à la parcelle est plus impactant que la taille du jardin. Pour la plupart des jardiniers, un petit jardin est plus propice à des pratiques favorables à la biodiversité comme le compostage, la gestion différenciée, le désherbage manuel ou l’abandon des outils thermiques. Produisant des jardins plus petits, la densification douce peut être une merveilleuse opportunité pour aller, parcelle par parcelle, vers des pratiques capables de renforcer la biodiversité !
D’autres études pointent la nécessité de conserver de grands espaces pour donner aux dynamiques naturelles les moyens de se déployer. Ces enjeux se développent à l’échelle de l’aménagement du territoire, de nos grands paysages. Là, c’est en permettant de mettre en œuvre le ZAN que la densification douce peut contribuer à renforcer la biodiversité en autorisant, ailleurs, la préservation d’une trame viable d’espaces naturels peu ou non habités !
Alors que les Français s’intéressent de plus en plus aux terrains de 250m2… le potentiel de la densification douce est aujourd’hui immense, par exemple dans les 9 millions de jardins situés dans les communes de plus de 10 000 habitants et leurs communes limitrophes. Mobilisé qualitativement et intelligemment, il pourrait se révéler une contribution majeure pour le renforcement de la biodiversité.
À nous de faire évoluer nos pratiques. Tous jardiniers pour la biodiversité !
Doit-on considérer les jardins comme artificialisés ?
Là encore, la réponse est oui.
Comme expliqué précédemment, la densification douce peut contribuer à la préservation et au renforcement de la biodiversité de deux façons – via les 2 approches complémentaires du land sparing et du land sharing.
Ce qui compte, ce n’est donc pas le compte en lui-même (les jardins comptent-ils comme surface artificialisées)… mais les conséquences concrètes d’une telle classification :
si le jardin est considéré comme artificialisé, cela a comme conséquence de la rendre partageable, sans créer de consommation supplémentaire (au sens comptable) donc d’être compatible avec le ZAN (ou ZAB) ; donc c’est une bonne chose, d’après les éléments qui sont détaillés ci-dessus !
si au contraire, le jardin n’est pas considéré comme artificialisé, alors il sera « bloqué » par le ZAN et la conséquence sera une impossibilité, pour lui, de participer au land sharing et au land sparing … donc ce n’est sans doute pas le choix le plus pertinent !