Sobriété immobilière et baisse des naissances : la boucle serait-elle bouclée ?

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3 min de lecture.  |  Publié le 03/08/2023 sur | Mis à jour le 03/08/23

La chute de la natalité se confirme en France

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Joséphine Boone et Pauline Verge | lesechos.fr

Je suis assez choqué de ce qui se produit en ce moment en France au sujet du logement et de l’idée de sobriété : celle-ci est appliquée de façon simpliste, au 1er degré, sur des sujets en réalité éminemment complexes qui mériteraient une approche réellement systémique.

Sobriété ou « sufficiency » ?

Certains prônent une baisse drastique des constructions de logements en France, au nom de la sobriété. Ils arguent que le nombre de constructions neuves (environ 320’000 logements supplémentaires par an, en France, entre 2014 et 2020) dépasse largement les besoins : le nombre de ménages ne progressant « que » de 240’000 unités par an. Mais ils oublient que les logements ont une géographie et que beaucoup sont très mal situés, très éloignés des emplois et très dépendants de l’automobile.

Certaines mesures très contraignantes sont prises, comme le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) à horizon 2050, pour de très bonne raisons, mais l’idée de sobriété (traduction malheureuse en français de « sufficiency » en anglais, qui veut dire « en quantité suffisante ») prise dans une acception morale, au 1er degré, fait que contre toute attente, ce sevrage des possibilités de construire en extension urbaine est administré sans contrepartie visant à libérer des possibilités de bâtir en renouvellement urbain.

La nouvelle doctrine de la sobriété fait que la rareté des droits à bâtir ne dérange plus personne — disons même qu’elle réjouit — y compris dans les marchés hyper-tendus des territoires en pénurie de main d’œuvre. Les ménages aux revenus modestes et les classes moyennes, notamment les jeunes, se logent de plus en plus mal, de plus en plus difficilement, et personne ne s’en inquiète, tandis que les entreprises peinent à recruter.

Et finalement, la natalité baisse en France : comment l’expliquer ?

Selon Laurent Toulemon, directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined) :

« Il y a une fragilisation très forte des jeunes avec des emplois précaires, courts et fragiles, qui remet en question les projets de long terme. »

« La baisse de la fécondité des jeunes a été tout à fait concomitante avec leur fragilisation sur le marché de l’emploi. »

Il souligne aussi la volonté de « profiter de la vie avant de se lancer dans des investissements de très long terme » et parfois une « inquiétude liée à l’épuisement des ressources de la planète chez certains couples ».

« L’âge du premier enfant est passé de 24 ans en 1974 à 31 ans en 2022. »

« Et il augmente chaque année : aujourd’hui, de nombreux couples doivent gagner deux salaires pour vivre et élever un enfant »

S’il est plus difficile de se loger, il est normal que la natalité baisse

Se loger dans un pays où le logement est devenu inabordable :

  • À cause des prix du fonciers ;
  • À cause de la rareté des fonciers constructibles dans les secteurs équipés et pourvus en emplois ;
  • À cause hier du NIMBY et demain de ce nouveau réflexe mental de la sobriété appliqué au 1er degré ?

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