De part et d’autre de la Damiette, deux modèles d’urbanisation opposés
Entre les deux voies extrêmes de l’urbanisme ultraformel (au style néo-industriel) et de l’urbanisme informel – deux approches qui, de façon fulgurante, deviennent les paradigmes dominants de l’urbanisation mondiale actuelle – il y a sans doute une voie à redécouvrir, réinventer et redéployer aujourd’hui : une voie à la fois itérative et dessinée, sur mesure et aménagée, dense et vibrante.
Ras El-Bar ( « Cap de la Terre », environ 25 000 habitants permanents) est une station balnéaire égyptienne située à l’embouchure du bras Damiette du Nil. Elle est dotée d’un plan de rue quadrillé qui aligne les “e’sha”, ces petites villas carrées en ciment ou en brique.
La ville d’Izbat Al Burj (environ 70 000 habitants), au tissu urbain à la fois plus dense et spontané, se situe de l’autre côté de la Damiette.
Ordonnancement et évolution incrémentale ne sont pas incompatibles
Une voie organique existe, très certainement, entre ces 2 approches, une voie qui emprunte le meilleur de ces 2 méthodes de structuration et d’optimisation du tissu urbain :
- la planification et l’ordonnancement, d’une part,
- la constitution incrémentale d’une densité villageoise et compacte, d’autre part, qui permet d’atteindre des degrés d’optimisation supérieurs à ceux qui peuvent être atteints par une planification trop rigide, grâce à la liberté, donnée à l’échelle de chaque parcelle, d’orienter, d’implanter et d’organiser le bâti selon les contraintes locales ainsi que les besoins et capacités des habitants.
Cette voie, nous l’avons connue, et partiellement oubliée depuis quelques décennies : c’est celle qui nous a permis de planifier et bâtir les villes et villages “historiques”. Elle ne consiste ni à faire sans les habitants, ni à laisser faire les habitants seuls, mais à penser et fabriquer notre cadre de vie avec les habitants.