La préservation de la biodiversité appelle des villes à la fois plus denses et plus jardinées

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3 min de lecture  |  Publié le 06/11/2023 sur | Mis à jour le 08/11/23

« Si nous sommes capables d’agir comme des planteurs et jardiniers responsables dans nos propres jardins, les perspectives à long terme pour la biodiversité sur le reste de cette planète sont vraiment lumineuses. »

Planter et jardiner : deux piliers au service de la biodiversité urbaine

Je vous propose de convertir de façon positive la formule avec laquelle Dennis D. Murphy, Directeur de recherche du Center for Conservation Biology de l’Université de Stanford, concluait son article « Challenges to biological diversity in urban areas »1, paru en 1988 dans l’ouvrage BioDiversity, qui popularisera le terme 4 ans avant le sommet de la Terre de Rio.

Dans sa version originale, l’auteur avait préféré une tonalité plus alarmiste que la formule utilisée en introduction, espérant sans doute éveiller les consciences : “If we cannot act as responsible stewards in our own backyards, the long-term prospects for biological diversity in the rest of this planet are grim indeed.

Murphy voyait dans la façon dont nos sociétés étaient capables de cohabiter en bonne intelligence avec la nature dans les villes un indicateur de la façon dont elles seraient capables de relever le défi de la préservation de la biodiversité à l’échelle de notre planète.

Densifier les villes : la première des actions à privilégier en faveur de la biodiversité

Dans l’article « Humanity for Habitat : Residential Yards as an opportunity for Biodiversity Conservation” paru en septembre 2023, Susannah B. Lerman et al.2 [2] remet cette approche en lumière 35 ans plus tard dans un travail précieux de méta-analyse de 207 travaux de recherche conduits sur l’apport des jardins privés pour la biodiversité entre 2001 et 2022. Ce travail nous rappelle trois points essentiels pour guider nos stratégies de préservation et de renforcement de la biodiversité de façon globale et de résilience climatique pour nos villes.

  1. Séparer nos activités du milieu naturel (land sparing) en regroupant le développement résidentiel dans des zones urbaines et sur-urbaines plus denses est la stratégie la plus efficace pour protéger et restaurer les écosystèmes à une échelle globale.
  2. A l’échelle de nos villes et villages, le land sharing peut nous permettre de mobiliser le potentiel des parcelles privées pour accueillir la biodiversité en ville, adapter nos environnements urbains à l’évolution des conditions climatiques pour les rendre vivables et nous permettre de maintenir une connexion essentielle avec la nature.
  3. Le land sharing dans nos jardins urbains repose, plus que sur les surfaces de ces derniers, sur les pratiques individuelle des jardiniers selon deux axes : A/ l’importance du choix de la palette végétale et B/ le mode de gestion du jardin.

Le ZAN et la densification douce créent une opportunité pour articuler aux bonnes échelles land sparing et land sharing. Comment ? En faisant de chaque projet de partage d’un jardin pour accueillir de nouveaux habitant une opportunité pour enrichir les palettes végétales et adopter des modes de gestions favorables à la biodiversité3, rendus possibles par des tailles de jardins plus compatibles avec nos capacité de jardiniers.


NOTES

  1. National Academy of Sciences. 1988. Biodiversity. Washington, DC: The National Academies Press. https://nap.nationalacademies.org/catalog/989/biodiversity ↩︎
  2. Susannah B Lerman, Kelli L Larson, Desirée L Narango, Mark A Goddard, Peter P Marra, Humanity for Habitat: Residential Yards as an Opportunity for Biodiversity Conservation, BioScience, Volume 73, Issue 9, September 2023, Pages 671–689, https://academic.oup.com/bioscience/article/73/9/671/7289288 ↩︎
  3. Hanss, T., & Miet, D. (2024, January 11). La densification peut-elle être un levier pour améliorer la biodiversité ? https://publications.vv.energy/densification-biodiversite.html ↩︎

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