Développement urbain et adaptation climatique : en finir avec la logique du “moins c’est mieux”

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2 min de lecture  |  Publié le 24/05/2023 sur | Mis à jour le 24/01/24

Californie : 5 scénarios de développement urbain

Dans un article1 de 2017, James H. Thorne et al. comparent 5 scénarios de développement urbain à l’échelle de l’état de Californie en utilisant le modèle de croissance urbaine Uplan développé par le Département des Sciences et des Politiques Environnementales de l’Université de Californie Davis :

3 scénarios « morphologiques” :

  • n°1 « Business-As-Usual » : les nouveaux résidents se répartissent selon les patterns de densité “classiques”, avec une part dominante dans des tissus résidentiels à faible densité.
  • n°2 « Compact-New-Growth » : les nouveaux résidents sont accueillis dans des formes urbaines denses, concentrées sur les franges des villes et dont l’intensité de développement est proportionnelle aux densités initiales (plus la ville est dense au départ, plus ses franges se développent).
  • n°3 « Infill » : La totalité des nouveaux résidents sont accueillis en densification des tissus existants, selon le même principe de proportionnalité de l’intensité lié à la densité initiale que dans le scénario n°2.

2 scénarios simulant des stratégies d’adaptation climatique :

  • n°4 « Agricultural Adaptation » : la croissance urbaine est bloquée sur les terres reconnues comme les plus résilientes dans un contexte d’évolution climatique.
  • n°5 « Biodiversity Adaptation » : la croissance urbaine est exclue sur les terres pouvant maintenir la connectivité fonctionnelle des populations végétales natives de l’état (2225 espèces considérées) dans un contexte d’évolution climatique.

Les contraintes appliquées à l’ensemble des 5 scénarios sont basées sur des hypothèses à fort impact : augmentation de la population de 25,8 millions d’habitants à l’horizon 2050 (+85% par rapport à l’an 2000) et projections d’évolution climatique à +1,8°C et -5% ou +8% de précipitation annuelles.

Densifier les tissus existants pour moins consommer de terres agricoles

Ces travaux arrivent aux conclusions suivantes :

La consommation de terres agricoles adaptées à l’évolution du climat comme au maintien de la connectivité fonctionnelle pour les populations végétales natives est la plus faible dans le scénario de développement en densification (n°3 “Infill”).

Les scénarios d’adaptation climatique (n°4 et 5) ont respectivement réduit comme prévu la conversion de terres agricoles résilientes et de zones pertinentes pour le maintien de la connectivité fonctionnelle pour les populations végétales. Ils consomment néanmoins des surfaces importantes, proche du scénario n°2.

Tableau de comparaison des consommation foncière induite par chaque scénario de développement urbain (source : James H. Thorne et al.)

La recherche de James H. Thorne et al. illustre les marges de manœuvre existantes pour à la fois :

  • préserver les terres naturelle et agricoles, en s’adaptant aux évolutions climatiques,
  • poursuivre une dynamique de développement et d’accueil ambitieuse, dans les lieux où la mobilité quotidienne est faiblement carbonée.

Ces résultats et perspectives ne sont appréciables qu’à une échelle supra régionale large, et dans une approche comparative, qui ne se complait pas dans la seule approche « moins c’est mieux ».


NOTES

  1. L’article de James H. Thorne et al : “Does infill outperform climate-adaptive growth policies in meeting sustainable urbanization goals? A scenario-based study in California,USA” – Landscape and Urban Planning n° 157, Elsevier B.V. ↩︎