Ce n’est pas la fin du pavillon avec jardin en Bretagne : c’est là qu’il se réinvente
La Bretagne est, de toutes les régions de France, celle qui est aujourd’hui la plus en pointe sur la réinvention de la maison avec jardin
Comment les jardins urbains contribuent-ils à la préservation et à l’amélioration de la biodiversité ? Voyons pourquoi les grands jardins ont un plus fort potentiel mais assurent, dans les faits, une plus faible contribution.
Réduire la taille des jardins est-il nécessairement problématique ? La densification (douce) est-elle nécessairement contradictoire avec la restauration et l’amélioration de la biodiversité ?
C’est ce que laisse entendre l’article « Gardens’ contribution to people and urban green space » de Hanson et al. paru en 20211.
Au terme d’un travail fondé sur l’inventaire de l’usage du sol de 35 jardins et de la conduite d’entretiens semi-directifs avec leurs propriétaires dans la région de Lund en Suède, les auteurs de l’article arrivent à la conclusion que la densification urbaine, en réduisant la taille des jardins, limite leur potentiel de biodiversité … tout en admettant que les grands jardins étudiés sont en majeure partie couvert de pelouses et donc pauvres en biodiversité.
“However, densification leads to smaller gardens with limited potential to simultaneously meet the demands of individual garden owners and the society. […] It is clear from the study that large gardens have a potential to support urban biodiversity, by providing space for larger trees and bushes. However, large gardens are to a great extent covered by species poor traditional managed lawns.”
Le potentiel d’accueil de biodiversité d’un jardin n’a dans les faits que peu à voir avec sa taille. Les auteurs le pressentent en évoquant l’usage du sol dominant des pelouses « traditionnelles » qui ne sont le support d’aucune biodiversité dans les grands jardins.
La clé, en matière de biodiversité, tient avant tout à la pratique et aux usages des jardiniers, que leur jardin soit grand ou petit.
L’analyse de l’usage du sol réalisée par Hanson et al. fait ressortir plusieurs points marquants :
L’approche systémique a été introduite en science pour modéliser les situations complexes, dans lesquels les usages, les pratiques et les décisions humaines sont des facteurs clé. Les seules sciences de l’ingénieur – et les sciences des écologiques et botanistes ne font pas exception – sont privées d’un pan fondamental de la réalité pratique lorsqu’elles omettent « le facteur humain », dans leurs analyses, et parfois même, alors qu’elles ont tenté de l’appréhender dans leurs analyses, dans leurs conclusions opérationnelles et leurs recommandations, où c’est l’approche monodimensionnelle qui reprend le dessus comme ici.
En l’occurrence, l’analyse des entretiens semi-dirigés des 35 jardiniers a permis de hiérarchiser les facteurs qui influencent leurs pratiques et leurs usages : en tête arrivent les questions de la contrainte d’entretien et du temps que l’on peut consacrer au jardin. Pour ce qui est du choix des végétaux, leurs qualités esthétiques et gustatives prime : la question de leur valeur pour la biodiversité est le dernier des critères qui président à leur choix.
La conclusion correcte d’une telle collecte et analyse de données…
Et des travaux à venir devraient s’attacher à déterminer des optimums de tailles de terrains selon les contextes, les besoins, les pratiques, les essences … !
Les caractéristiques qui définissent les « petit jardins » dans l’étude de Hanson et al. sont par hasard celles d’un jardin qui a fait parler de lui ces dernières années dans la presse française (L’Obs 2015, Le Figaro 2017) et qui représente un cas d’école sur l’impact des pratiques et des usages du jardinier en matière d’accueil de biodiversité et de services écosystémiques : le jardin de Jospeh Chauffrey à Sotteville-lès-Rouen.
Ce jardin est situé dans un tissu ancien de lot libre dense sur une micro-parcelle de 255 m² environ. Il occupe une surface de 150m², incluant la terrasse et les allées. Lorsque son actuel propriétaire acquiert la parcelle au début des années 2010, le jardin est loin d’être riche de biodiversité : on n’y trouve aucun arbre, les arbustes se limitent à des thuyas et des lauriers du Portugal taillés en topiaires géométriques, quelques hortensias et rosiers et un troène.
Le reste de la surface est occupé par une pelouse et des surfaces minérales de terrasses et de circulations.
Le jardinier décide de faire table rase : son objectif avec ce jardin et de découvrir jusqu’où il est capable d’aller en terme d’autonomie alimentaire en empruntant l’approche de la permaculture (pas de travail du sol, pratique réparatrice des écosystèmes).
Ont suivi 10 années d’expérimentation et d’optimisation d’un système de gestion du jardin qui aboutissent à un exemple frappant du potentiel des petits jardins urbains en termes de biodiversité, mais aussi de simplification des actions de maintenance (en 2019 le jardinier indique passer moyenne 3 heures par semaine dans son jardin) et de productivité nourricière avec plus de 300 kg de légumes et fruits produit par an en moyenne.
Cet exemple inspirant nous invite à ne pas simplifier l’apport des jardins à la biodiversité en ville en les réduisant à une question de surface. Le jardin de Jospeh Chauffrey présente une richesse de biodiversité et une gestion respectueuse des écosystèmes que ne présentent pas la plupart des jardins, soient-ils de dimensions bien supérieures.
Ce que le jardinier a réussi à concrétiser sur ces 150m² nous invite :
NOTES
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