Le rôle inattendu des micro-jardins privés de Paris pour la préservation d’une espèce protégée

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3 min de lecture  |  Publié le 26/10/2023 sur | Mis à jour le 08/11/23

Jean-Yves Romanetti, CC BY NC ND 2.0 | Flickr

Les jardins privés, bien que petits et fragmentés contribuent plus fortement que les espaces verts publics à réduire l’impact de la matrice urbaine et font de la ville de Paris un territoire viable pour les communautés de chauves-souris.

Sur le sujet de la contribution des jardins privés, dans paris intramuros, pour la pipistrelle commune, un article de Anne Mimet et al.1, paru en 2020 dans la revue Landscape and Urban Planning, est particulièrement intéressant.

L’étude porte sur Paris intramuros, un contexte de forte densité urbaine (7ème ville la plus dense au monde). Elle met en avant le fait que les jardins privés, même de petites tailles et fragmentés dans l’espace, peuvent constituer des ressources clés pour la biodiversité en ville, particulièrement lorsqu’ils sont gérés dans le respect de la faune et de la biodiversité2.

Les jardins privés, plus petits et plus fragmentés que les espaces verts publics parisiens…

“La superficie verte totale appartenant aux propriétaires privés était inférieure à la superficie verte totale publique (respectivement 36,4 % et 63,6 %). Les espaces verts privés étaient beaucoup plus fragmentés, comme l’illustre un nombre de parcelles trois fois plus élevé que pour les espaces publics et une taille moyenne de parcelle cinq fois plus petite.”

(“The total green area belonging to private owners was smaller than the total public green area (36.4% and 63.6 %, respectively). The private green areas were much more fragmented, as illustrated by a number of patches that was three times higher than for public areas and an average patch size five times smaller.”)

… offrent des conditions d’habitat favorables aux chauves-souris

“Cette étude présente deux résultats importants pour les stratégies de gestion et de conservation en ville. Premièrement, elle montre la contribution disproportionnée des espaces verts privés à la disponibilité et à la connectivité de l’habitat de la pipistrelle commune par rapport à leur superficie totale. Deuxièmement, elle conforte les conclusions précédentes sur les effets complémentaires des espaces verts publics et privés.

Pourquoi les villes ont intérêt à s’impliquer dans la gestion des jardins privés ?

[…] Il a été constaté que les zones privées contiennent une plus grande diversité végétale et des espèces plus rares que les zones publiques. Il a été démontré qu’un jardinage respectueux de la faune, en investissant du temps dans le jardin et en réduisant les pesticides, a un impact positif sur la faune.

Ainsi, c’est la manière dont les espaces verts privés sont gérés qui pourrait être ciblée par de nouvelles initiatives de conservation dans les villes, à la suite de celles appliquées aux espaces verts publics ces dernières années.”

(“This study has two outcomes important for management and conservation strategies in city. First, it shows the disproportionally high contribution of private green areas to the common pipistrelle habitat availability and connectivity as compared with their total area. Second, it gives support to previous finding on public and private green areas complementary effects.

[…] Private areas have been found to contain more plant diversity and rarer species than public areas. Wildlife-friendly gardening, as time investment in the garden and reducing pesticide, has been shown to positively impact wildlife.

Thus, it is the way in which private green areas are managed that could be targeted by new conservation initiatives in cities, following the ones applied to public green areas over the past few years.”)

Comment les jardins privés contribuent à la valeur écologique des villes

“Nos résultats montrent que malgré la faible proportion d’espaces verts privés à Paris (36 % du total des espaces verts), ils contribuent néanmoins à hauteur de 47,9 % à la disponibilité de l’habitat des chauves-souris et diminuent la résistance de la matrice urbaine de 57 %. La répartition dans la matrice urbaine et la composition végétale de ces zones semblaient particulièrement bénéfiques pour la disponibilité et la connectivité de l’habitat des chauves-souris. L’étude démontre l’importance des jardins privés dans la valeur écologique des villes en complément des espaces verts publics.”

Si les jardins privés peuvent jouer ce rôle dans une ville dense comme Paris, nous avons beaucoup de marge de manoeuvre dans nos espaces urbains. En matière de jardin, ce n’est pas la taille qui compte, c’est l’action des jardiniers.


NOTES

  1. Anne Mimet, Christian Kerbiriou, Laurent Simon, Jean-Francois Julien, Richard Raymond. Contribution of private gardens to habitat availability, connectivity and conservation of the common pipistrelle in Paris. Landscape and Urban Planning, 2020, 193, pp.103671. 10.1016/j.landurbplan.2019.103671. hal-03102973
    https://hal.science/hal-03102973/document ↩︎
  2. Hanss, T., & Miet, D. (2024, January 11). La densification peut-elle être un levier pour améliorer la biodiversité ? https://publications.vv.energy/densification-biodiversite.html ↩︎

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