Pourquoi les politiques apparemment les plus vertueuses sont souvent les moins efficaces

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Publié le 18/12/25
Mis à jour le 19/12/25
3min de lecture
Pourquoi les politiques apparemment les plus vertueuses sont souvent les moins efficaces

Image générée avec ChatGPT (IA)

  • 1. Quand  faire le bien  dispense d’apprendre
  • 2. Quand la vertu remplace le retour d’expérience
  • 3.  L’enfer est pavé de bonnes intentions 
  • 4.  C’est ceux qui en parlent le moins… 

Ce n’est pas un hasard si les politiques les plus inefficaces sont souvent celles qui se présentent comme les plus vertueuses.

Dans les articles précédents, j’ai décrit quelques mécanismes cognitifs qui empêchent nos villes d’apprendre :

  • réinventer,
  • standardiser,
  • simuler sans mesurer,
  • normer sans savoir.

Il reste un dernier verrou, terriblement efficace parce qu’il est apparemment innofensif : la vertu.

1. Quand  faire le bien  dispense d’apprendre

Les sujets environnementaux, climatiques, et sociaux ont pris une importance considérable : et à juste titre.

Mais c’est précisément pour cette raison qu’ils deviennent dangereux d’un point de vue méthodologique.

Dès qu’une action est qualifiée de bonne, vertueuse, responsable, un glissement s’opère :

  • on ne la teste plus vraiment,
  • on ne mesure plus ses effets réels,
  • on n’ose plus la corriger.

La morale agit comme un certificat de conformité préalable.

2. Quand la vertu remplace le retour d’expérience

Dans la fabrique urbaine contemporaine, cette logique est omniprésente.

Des politiques sont justifiées non par ce qu’elles produisent, mais par ce qu’elles affichent : sobriété Économiser pour consommer plus : la face cachée de la sobriété Économiser pour consommer plus : la face cachée de la sobriété , protection, écologie, inclusion.

Dès lors, leurs effets indirects mais bien réels deviennent gênants… mais pas plus.

Ce sont des  dommages collatéraux , jamais des signaux d’échec.

La vertu supposée annule l’erreur.

Et donc notre boucle d’apprentissage toute entière.

3.  L’enfer est pavé de bonnes intentions 

Un système qui ne peut pas reconnaître ses erreurs ne peut pas apprendre et finit par faire tout l’inverse de ce qu’il prétend faire.

En toute impunité.

Et pendant longtemps.

Car la vertu affichée transforme toute critique en soupçon : critiquer l’effet réel, l’effet rebond, l’effet secondaire, c’est être accusé de s’opposer à la fin, et donc d’être immoral…

Or une ville n’apprend jamais à partir de ses intentions.

Elle apprend uniquement à partir de ses résultats.

Et dans les domaines complexes, les résultats de degré 1 s’accompagnent toujours d’effets de degré 2 qu’il est de notre devoir d’analyser, de modéliser.

4.  C’est ceux qui en parlent le moins… 

Dans un monde complexe La mise sous cloche du tissu pavillonnaire n’est pas soutenable La mise sous cloche du tissu pavillonnaire n’est pas soutenable , la R&D est la seule méthode disponible pour ne pas renoncer à nos buts.

Moins d’étalage de vertu, plus de moyens pour développer les voies inédites qui permettront d’atteindre, de façon fiable, une fin difficilement accessible.

Qu’un objectif soit moral n’est pas le problème. Le problème survient quand la vertu annihile l’effort de l’apprentissage.

Si nous n’y prenons garde, la vertu légère conduit à la paresse (croire qu’il suffit de réinventer), à l’avarice (se dispenser de mesurer), à l’orgueil (vouloir standardiser) et à la colère (tout normer !)…

Si l’intention est bonne, alors nous devons être 3 fois plus rigoureux :

  • mesurer davantage,
  • mieux comparer,
  • considérer les effets rebonds comme fondamentaux.

Ou renoncer à nos buts.